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Tamazgha Occidentale
Les étudiants d’Imteghren célèbrent la cause amazighe
jeudi 17 mars 2005, par
Du 23 au 26 février 2005, les étudiants de l’Université Mouloud Mammeri à Imteghren ont organisé une série d’activités ayant trait à la question amazighe. C’était l’occasion pour eux de débattre de sujets divers ayant trait à la cause amazighe ainsi que les différentes entraves auxquelles Tamazight est confrontée. Il a été notamment question de l’arabo-islamisme et de sa stratégie d’éradication de Tamazight.
L’intervention de Mustapha Barhouchi, militant amazigh connu pour ses positions berbéristes, a marqué les étudiants qui sont venus nombreux l’écouter et débattre avec lui. Il convient de mentionner que Mustapha Barhouchi a cette particularité de poser les véritables questions et pointe les véritables problèmes pour suggérer, sans détours ni hypocrisie, les voies vers l’aboutissement du combat amazigh.
Nous publions ci-après le compte-rendu des activités ayant eu lieu à Imteghren qui nous a été communiqué par le Mouvement culturel amazigh d’Imteghren.
Du 23 au 26 février 2005.
Sous le thème :
"La cause amazighe face à la réalité d’oppression et pour une alternative démocratique"
Par cette activité, le Mouvement culturel amazigh (MCA) a d’abord voulu dévoiler les diverses formes de l’oppression que le peuple subit. Cette oppression est du fait de l’arabo-islamisme qui s’exprime sous différentes formes selon les contextes.
Le premier jour a été marqué par une exposition de livres, de tableaux artistiques de Mohend SAIDI ainsi que d’œuvres multimédia (cassettes et CD ROM). Des caricatures et des banderoles portant plusieurs slogans représentatifs de l’essence de revendications de MCA ont été arborés.
Chaque jour ont lieu des débats sous forme de cercles de discussion et de conférences.
Le premier débat a eu lieu le 23 février à 10H00. Plusieurs intervenants ont pris la parole pour expliquer l’état actuel de la cause amazighe face aux différentes formes d’oppression dont elle est victime. Il était question aussi des tentatives d’instrumentalisation du mouvement amazigh, lesquelles tentatives sont orchestrées par la monarchie marocaine et les nostalgiques de l’orientalitarisme que sont l’ensemble des partis politiques marocains. La discussion a repris en soirée à la Cité universitaire et s’est prolongé jusqu’à 1H00. L’intervention centrale s’est portée sur l’explication des discours hostiles à Tamazight. L’intervenant a eu à traiter plusieurs volets par lesquels il a passé en revue les thèses et méthodes des groupes islamistes et arabo-baathistes.
L’après-midi du 24 février, le public a eu à assister à la conférence de Mustapha BARHOUCHI intitulée "La cause amazighe et le panarabisme ". Une conférence très attendue par la communauté universitaire venue nombreuse écouter le conférencier.
Avant d’entamer la conférence, une minute de silence en hommage à Mohend u Yahia « Mohya » , le chanteur Brahim Izri, les victimes du séisme d’Elhoucima ainsi que tous les martyrs de la cause amazigh a eu lieu.
Connu pour ses analyses pertinentes sur la situation de la cause amazighe, Mustapha Berhouchi a eu un échange riche et fructueux avec l’assistance. Il a eu, à cette occasion, à réaffirmer, par des propos simples et clairs, l’inéluctable aboutissement du combat amazigh et la détermination des Imazighen à découdre avec l’idéologie arabo-islamique d’essence fasciste et totalitaire. Il estime, par ailleurs, que c’est à l’Etat marocain de mettre fin à sa politique d’aliénation et d’assimilation et garantir les droits individuels et collectifs du peuple amazigh. Car, estime le conférencier, ce dernier est exposé aux menaces diverses véhiculées par les projets panarabistes et ce depuis "l’indépendance" jusqu’à la création de l’IRCAM. L’Ircam qui, toujours selon Mustapha Berhouchi, n’est qu’une autre forme insidieuse de sabordage de Tamazight.
De 20H00 à minuit, un cercle de discussion a été organisé à la Cité universitaire. Après l’exposé de quelques données introductives sur les bases et les fondements de la lutte amazighe à travers l’Histoire ainsi que les perspectives du combat amazigh, un débat s’en est suivi. Les différentes interventions au débat ont convergé vers la conclusions suivante : « Aucune alternative de changement politique n’a point de démocratie sans la reconnaissance officielle de l’amazighité du Maroc et la mise en valeur de la spécificité de l’organisation sociale des imazighens et leurs valeurs culturelles et identitaires. » C’est la condition d’aboutissement à la liberté bafouée par l’idéologie arabo-islamiste.
Le 25 février à 15H00 a eu lieu une conférence animée par Abdella Zarou sous le théme « Tamazight à la lumière des actualités nationales »
Le conférencier a affirmé que le mouvement amazigh, en général, doit se méfier des pouvoirs en place dont les manœuvres visent à mener le mouvement dans l’impasse. Il a insisté sur la nécessité de faire des pauses marquées par le mouvement des occasions de réflexion. A défaut de recourir à la force, les politiques tentent de dénaturer les revendications du mouvement. L’exemple le plus frappant est la dite intégration de la langue amazighe à l’école marocaine, avec l’adoption de l’alphabet Tifinagh par l’IRCAM, qui représente une véritable catastrophe pour la cause amazighe. Une école handicapée par les programmes et les réformes arabo-islamistes est intolérante à l’amazighité et à la modernité. Les répercutions de cette politique mène les aliénés à la solidarité même avec les pouvoirs dictateurs et les mouvements non démocratiques au nom de l’arabité et de l’islam. En exprimant sa solidarité avec la Kabylie, le public a dénoncé les déclarations du président du Centre Tariq Ibn Zeyad qui a affirmé que la cause amazighe au Maroc doit être isolée de la Kabylie.
Pour conclure, Abdella Zarou signale aux étudiants du mouvement que le véritable militant est celui qui se sent avoir une énorme qualité de fermeté et de persévérance dans les actes et les opinions pour combattre des entraves et des préjugés nourris d’ignorances.
La discussion à la Cité universitaire de 20H00 à 1H00 a porté sur certaines notions comme la différence entre musulmans et islamistes, arabo-baathistes et marxistes, le makhzen, l’identité, la langue, la civilisation, la modernité, la démocratie, etc.
Le 26 février 2005, une foule d’étudiants et de lycéens et quelques familles résidant dans des quartiers environnants de la Faculté sont venus assister à une soirée artistique. Plusieurs artistes engagés sont venus de différentes régions : Alnif, Dades, Aoufous, Goulmima, Mellaab, etc. Chaque chanteur, avec son propre style musical, a exprimé ses idées en faveur de l’éveil des Imazighen contre la manipulation de leur passé de résistance en insistant sur leur devoir historique de tisser les liens de solidarité pour lutter contre la domination de l’idéologie arabo-islamiste. Le public a eu droit également à une pièce de théâtre qui dénonce la manipulation de l’islam, comme religion, dans le but de légitimer et faire admettre l’imposture de l’idéologie dominante via les mosquées et l’école.
Après la soirée, la foule a organisé une manifestation dans l’enceinte universitaire. Les différents slogans lancés pendant la manifestation expriment la solidarité de MCA avec le peuple amazigh dans toutes ses luttes et souffrances. C’était aussi l’occasion pour les manifestants d’exprimer leur attachement à l’unité du mouvement amazigh et la dénonciation des manipulations dont il est l’objet. L’officialisation de la langue amazighe dans une constitution démocratique était au centre des revendications.
Cet attachement à l’affirmation du combat amazigh représente l’alternative contre toutes les formes d’assimilation de la part du makhzen et de l’idéologie dominante.
Parmi les slogans scandés par les manifestants, notons :
– Tudert tudert, tudert imazighen ...
tuli tuli, tuli s idammen.
– IRCAM : politique makhzeniénne qui tend à altérer et déformer le vrai combat amazigh.
– De Siwa aux Iles Canaries, tamazight sera reconnue. C’est la liberté que revendique Imazighen : Seg Siwa ar lkanari, tamazight ad tili, mayd ira dda umazigh, tilelli adas tili.
– Le Maroc n’est pas arabe, on dénonce ces mythes et ces mensonges.
– Sur la voie du militantisme kabyle et tous les martyrs de Tamazgha nous mènerons notre lutte, etc.
– Tafsut Imazighen, agharas n tilelli : le printemps amazigh est le chemin vers la liberté.
A la fin de la manifestation, des représentants du Mouvement Culturel Amazigh ont donné lecture, devant tous les manifestants, à un communiqué. Ils ont saisi l’occasion pour appeler la population, notamment extra-universitaire, à redoubler de vigilance quant au discours panarabistes et à exprimer leur soutien au mouvement amazigh. Les manifestants se sont séparés avec le mot d’ordre "Continuons le combat où nos martyrs l’ont laissé !"
Le Mouvement Culturel Amazigh-Imteghren
Photos : MCA-Imteghren.