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Nations Unies : Tamazight à l’ordre du jour !
Le CERD demande à l’Etat tunisien de porter une attention accrue à la situation des Berbères en tant que composante spécifique de la population tunisienne.
mercredi 19 mars 2003, par
Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) a adopté ses observations finales et recommandations sur le rapport de la Tunisie le mardi 18 mars au Palais des Nations à Genève. Rappelons que le CERD a achevé l’examen du rapport de la Tunisie le 7 mars dernier.
Si le Comité s’est félicité de certaines mesures prises par l’Etat tunisien sur les plans économique et social ayant vraisemblablement abouti à "une croissance économique soutenue et une réduction sensible de la pauvreté", il déplore l’absence de données sur la composition démographique de la population et les divers groupes ethniques et religieux qui composent la Tunisie.
Ce qui nous réjouit et nous autorise à espérer une évolution positive de la question amazighe dans cette région de Tamazgha qui subit l’Etat tunisien, c’est la sensibilité des membres de cette institution des Nations Unies au problème amazigh. Malgré le refus de l’Etat tunisien d’admettre l’existence d’une problématique amazighe sur son territoire allant jusqu’à affirmer que "le terme « Amazigh » n’a pas droit de cité en Tunisie", les membres du CERD reviennent sur cette question dans leurs observations et recommandations finales et interpellent l’Etat tunisien précisément sur la question amazighe.
Dans son communiqué de presse faisant état de l’adoption de ses observations et recommandations sur le rapport de la Tunisie, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale recommande à l’Etat tunisien "notamment de porter une attention accrue à la situation des Berbères (Amazigh) en tant que composante spécifique de la population tunisienne" et demande des informations concrètes sur la situation des Berbères.
L’Etat tunisien est donc tenu de répondre aux questions du CERD lors de son prochain rapport périodique et, conformément à la Convention dont il est partie, il est tenu de déployer tous les efforts afin d’assurer aux Imazighen leurs droits. Il s’agit tout simplement de mettre en application les recommandations du CERD.
Bien que ce ne soit pas le CERD qui puisse contraindre l’Etat tunisien à respecter ses engagements en matière de protection des droits de l’homme, nous pensons que ses recommandations pourraient amener le régime tunisien à changer certaines de ses habitudes politiques contre la question amazighe, voire aller dans le sens d’une pseudo-reconnaissance, à l’instar des Etats algérien et marocain, pour "domestiquer" la question berbère.
Le CERD aurait mal pris la déclaration du gouvernement tunisie affirmant qu’il n’y a pas de discrimination raciale sur son territoire. Il a du rappeler lors de la séance d’adoption de ses observations et recommandations qu’il n’acceptait pas "ce genre d’assertions". En effet, si la Tunisie présente le fait qu’il n’existe pas sur son territoire de plaintes et d’actions en justice portant sur la discrimination raciale comme étant un signe positif à savoir qu’il n’existe pas de discrimination raciale en Tunisie, le CERD quant à lui insiste sur le fait que cela est une "indication, notamment, que les citoyens ne connaissent pas l’existence de moyens de recours juridique, et qu’il n’y a pas de législation dans ce domaine ou qu’il n’existe pas de volonté insuffisante de la part des autorités". Le Comité a par ailleurs noté la carence des informations fournies sur le fonctionnement effectif des organes et mécanismes des droits de l’homme en Tunisie.
Tamazgha,
Paris, le 19 mars 2003.
