Tafilalt solidaire de la Kabylie

Les jeunes Amazighs de Tafilalet-Dra (Haut Atlas oriental) reçoivent tous les jours des tristes nouvelles provenant de la Kabylie, un territoire amazighophone parmi d’autres, qui subit le racisme de l’Etat Algérien. Nous avons remarqué qu’elle est menacée plus que jamais dans son existence et l’acharnement d’Alger en brûlant des forêts, en emprisonnant, en assassinant, en fabriquant des faux scénarios et en intimidant d’une manière continue n’en sont que des preuves.

D’une part, comme beaucoup d’activistes amazighs, nous pensons que le projet mené par la junte militaire est effectivement : le Zéro Kabyle. Femmes et hommes se font humilier et piétiner sans répit. Le gouvernement des généraux ne cesse pas de s’en prendre aux Kabyles pour justifier son échec sur tous les niveaux et nous savons tous à quel point il tient à maintenir cet ennemi intérieur pour renforcer son illégitimité qui remonte à 1962. D’autre part, l’émergence de nouvelles aspirations politiques kabyles que nous considérons, d’ailleurs, comme une évolution inédite et démocratiquement discutable du discours politique amazigh, a mis en garde le palais d’El Mouradia, lui qui n’a pas hésité à répondre avec répression et violence envers de nombreuses personnalités (universitaires, hommes et femmes politiques, chanteurs, étudiant.e.s, acteurs associatifs, etc.) ainsi que l’ensemble des organisations politiques et culturelles dénonçant ses politiques ségrégationnistes et inhumaines. Nous réalisons avec prudence qu’une partie de la grande famille amazighe est visée par l’arbitraire.

La multiplication des attaques anti-amazighes en Afrique du Nord se poursuit au vu et au su des instances internationales sans que nul ne bouge un doigt. Ce qui se passe en ce moment est incontestablement une suite logique des événements antérieurs qui ont secoué la région par le passé (1980 et 2001). Les Etats-Nations en place font tout pour contrecarrer les volontés amazighes de s’auto-gérer culturellement en faisant appel à des politiques absurdes qui en rien ne règlent le fond du problème, à l’instar des statuts juridiques symboliques dont les effets sur la réalité politique, sociale et culturelle sont extrêmement faibles pour ne pas dire inexistants. En ce qui nous concerne, ce sont des projets amazighs pour des Amazighs que nous avons décidé de soutenir, et notre ultime conviction s’inscrit dans une nouvelle voie qui appelle les mouvements amazighs partout en Afrique du Nord à se focaliser sur les territoires où la présence amazighe reste importante. Cela ne veut pas dire délaisser les autres zones où des amazighophones se sont installés pour des raisons économiques, mais plutôt opter pour une démarche réaliste qui garantira avant tout la continuité des Amazighs chez eux. Nous avons constaté après presque 60 ans d’un combat politiquement chimérique passés à servir indirectement nos adversaires et non notre peuple que les Amazighs sont devenus des acteurs passifs qui adhèrent de plus en plus aux thèses officielles. Par ailleurs, nous sommes amenés à adapter nos stratégies aux nouvelles réalités politiques, géopolitiques et historiques, car nous n’avons jamais pensé que les Amazighs font partie prenante de l’agenda-setting des Etats qui les méprisent et les tuent. Nous exposerons en détails dans les mois à venir notre perspective.

Sur la base de ce qui vient d’être exposé, nous, jeunesse Amazighe de Tafilalet- Dra, exigeons la libération immédiate de tous les détenus politiques amazighs en Afrique du Nord (Tafilalet-Dra, Rif, Kabylie, Mzab et Aurès) ; nous condamnons fermement les crimes de l’Algérie en Kabylie et appelons tous les amazighs à réactiver le travail inter-amazighe. Nous soutenons et soutiendrons toutes les initiatives sérieuses venant de personnes ou de cadres libres et indépendants.

Nous profitons de cette présente communication pour adresser nos sincères condoléances à la famille et aux amis de l’écrivain et l’activiste Ali IKKEN, décédé le 2 février 2023.

Fait à Imdeghren (Errachidia)
Le 12/03/2023