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"pour une dépénalisation de délits de presse au Niger"

Communiqué de l’ANDDH

jeudi 13 novembre 2003, par Masin

Communiqué de presse ANDDH
13 novembre 03

Le Bureau Exécutif de l’ANDDH, réuni en session ordinaire le samedi 8 novembre 2003 à l’effet d’examiner la situation des droits de l’Homme au Niger à la lumière de l’arrestation du Directeur de publication de l’hebdomadaire « le Républi-cain », a décidé de faire la déclara-tion suivante :

Suite à la publication d’un article en juillet 2003 sur la mauvaise gestion des deniers publics par le gouvernement de la 5ème République avec des preuves irréfutables que des paiements avaient été réalisés par le Trésor public en violation des lois en vigueur pour un montant d’environ quatre milliards de francs CFA, M. Maman Abou se voit accusé par le ministère des Finances de « com-plicité de vol par salarié et recel de documents administratifs confidentiels ». Face à cette situation qui jure d’avec les principes et règles d’un Etat de droit dont les autorités actuelles se gargarisent à clamer sur tous les toits qu’elles en sont les garantes, le BEN/ANDDH constate que l’arrestation de Monsieur Maman Abou intervenue en violation des lois nationales constitue un recul dans le processus du renforcement de l’Etat de droit, en ce sens que :

1. Elle viole le droit à la liberté d’expression consacré par l’article 23 de la Constitution nigérienne du 9 août 1999 ;

2. Elle viole les dispositions de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui disposent que « toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et rè-glements ».

Au regard de ce qui précède, le BEN/ANDDH est profondément in-digné et s’inquiète de la dérive autoritaire du gouvernement de la 5ème République qui n’hésite plus à faire entrave à a liberté d’expression par le recours systématique à l’emprisonnement des journalistes dans l’exercice de leur profession.

L’arrestation de Monsieur Maman Abou au motif sus-indiqué est illé-gale et contraire à l’Etat de droit, car la loi liberticide sur la presse interdit seulement la publication des documents classés secret défense et les minutes des procès en cours.

Par conséquent, le BEN/ANDDH condamne avec la dernière énergie l’arrestation de Monsieur Mamane Abou et exige sa libération sans condition. En outre, le BEN/ANDDH invite la société civile nigérienne dans son ensemble à se mobiliser et à se battre pour une dépénalisation de délits de presse au Niger.

Fait à Niamey, le 8 novembre 2003

Pour le BEN/ANDDH

Le Président Khalid Ikhiri

source : Le Républicain