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Haftar : responsable de crimes de guerre
samedi 9 mai 2020, par
Les actes criminels des milices de Khalifa Haftar s e multiplient en Libye. Il a tellement dépassé toutes les bornes que certains Etats et des institutions internationales commencent à rompre le silence et dénoncent une attitude qui porte atteinte aux droits de l’Homme et certains menacent de solliciter la Cour pénale internationale. Khalifa Haftar est cet homme, fort du soutien de certaines puissances comme la France, décidé à accéder au pouvoir en Libye par la force et qui semble vouloir outrepasser toutes les règles.
Ce samedi 9 mai, c’est l’aéroport civil de Matiga, à Tripoli, qui a été la cible de bombardement des milices de Haftar. Selon le Gouvernement d’union nationale (GNA), le premier bilan fait état d’incendies au sein du hangar des réservoirs de kérosène, des véhicules de pompiers détruits et d’importants dégâts au Terminal des passagers. Des avions Airbus-320 et Airbus-330 ont été endommagés par plusieurs éclats d’obus et sont complètement hors d’usage. Des dommages importants ont été signalés aux sièges des sociétés de manutention.
Le vendredi 8 mai, c’est la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) [1] a fermement condamné les attaques accrues contre des zones peuplées de civils à Tripoli, notamment les bombardements effroyables survenus dans le quartier de Zawiyet a al-Dahmani à Tripoli, près de l’ambassade de Turquie et de la résidence de l’ambassadeur d’Italie, qui auraient tué au moins deux civils et blessé trois autres. La MANUL continuera de documenter les violations qu’elle communiquera, le cas échéant, au Groupe d’experts et la Cour pénale internationale. [2]
Alors que les Libyens, comme le reste de l’Humanité, font face à une pandémie inédite, on assiste une intensification d’attaques aveugles et aléatoires. Ces actions, jugées ignobles par la MANUL, montrent la véritable nature de Khalifa Haftar déterminé à accéder au pouvoir par tous les moyens et au risque de sacrifier les vies de populations civiles innocentes.
La MANUL note que "depuis le 1er mai, l’augmentation des attaques aveugles, principalement imputables aux forces affiliées à l’ANL [3], notamment à Abu Salim, Tajoura, al-Hadba al-Badri, Zanata et Zawit al-Dahmani, a fait de nombreuses victimes parmi les civils, endommagé des maisons et d’autres biens civils". La mission onusienne pour la Libye dénombre au moins 15 civils tués et 50 blessés pour la période allant du 1er au 8 mai. "Le 6 mai, des maisons ont été bombardées dans le quartier d’Abou Salim à Tripoli, faisant au moins un mort et 27 blessés, dont quatre enfants et cinq femmes", selon la MANUL qui fait état de roquettes qui ont touché plusieurs maisons à Tajoura, le même jour, et ont fait trois morts et dix blessés, dont trois enfants. La veille, le 5 mai, "des bombardements de maisons dans le quartier al-Hadba de Tripoli ont tué deux civils et blessé trois autres, dont un enfant".
Dans son communiqué, la MANUL estime que ces attaques font preuve, encore une fois, » d’un mépris flagrant du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme et peuvent constituer des crimes de guerre ».
Enfin, la MANUL réitère que les coupables de crimes de droit international seront tenus de rendre des comptes.
De sources locales, nous avons appris que vendredi 8 mai, en début de soirée, une roquette lancée par les milices de Haftar a atteint quatre personnes de la même famille en train de manger dans une leur maison dans le quartier de Aïn Zara à Tripoli. Il s’agit de Mohammed, Abd-el-Mounâim, Achraf et Layla Touati.
De son côté, le ministère des affaires étrangères et de la coopération internationale d’Italie a fermement condamné, sur son compte Tweeter, une nouvelle attaque des forces de Haftar contre des civils à Tripoli, des frappes qui ont également touché une zone voisine de l’ambassade d’Italie. Cette frappe a fait au moins deux morts. Le ministère italien estime que ces attaques sont inacceptables et dénotent un mépris du droit international.
Vendredi 8 mai, la Commission européenne, par a voix de son porte-parole, Peter Stano, a aussi condamné vigoureusement "la dernière série de bombardements et d’attaques aveugles contre des civils imputables aux forces de Haftar, qui a frappé dans la nuit du 7 mai un certain nombre de quartiers résidentiels de Tripoli, notamment à proximité de la représentation diplomatique de l’Italie, tuant au moins 5 civils innocents et en blessant beaucoup d’autres".
La Commission européenne exprime toute sa solidarité avec l’Italie et présente ses condoléances aux familles des victimes en souhaitant un prompt rétablissement aux blessés. [4]
Dans son communiqué, Peter Stano souligne que "que tout type de frappe aveugle contre des civils et des infrastructures civiles est inacceptable et va à l’encontre du respect de la vie humaine et du droit international humanitaire".
En attendant, les "gendarmes du monde" se taisent ou presque… en tous cas, ils laissent faire. D’ailleurs monsieur Le Drian qui, apparemment, s’inquiète du monde de demain qui risque d’être pire que celui d’aujourd’hui [5], observe un silence magistral. A se demander pourquoi…
Masin Ferkal.
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[1] La Mission d’appui des Nations Unies pour la Libye (MANUL), en anglais" United Nations Support Mission for Libya (UNSMIL)", est une mission politique spéciale intégrée créée le 16 septembre 2011 par la résolution 2009 (2011) du Conseil de sécurité des Nations Unies à la demande des autorités libyennes pour soutenir les nouvelles autorités de transition du pays dans leurs efforts après le conflit. Le mandat de la MANUL a été modifié et prorogé par le Conseil de sécurité dans les résolutions 2022 (2011), 2040 (2012), 2095 (2013), 2144 (2014), 2238 (2015), 2323 (2016), 2376 (2017) et 2434 (2018). Son mandat actuel est stipulé par la dernière résolution 2486 (2019) du Conseil de sécurité des Nations Unies qui a prolongé la mission de la MANUL jusqu’au 15 septembre 2020.
[3] En réalité, ce sont les Forces armées arabes libyennes.
[5] (Dans un entretien accordé au journal Le Monde, publié le 20 avril 2020, Jean-Yves Le Drian, ministre français des affaires étrangères, confie à Christophe Châtelot, Piotr Smolar et Cyril Bensimon qui ont recueilli ses propos qu’avec la pandémie du Covis-19 il relève "une amplification des fractures qui minent l’ordre international". Il leur fait part alors de sa crainte de voir le monde d’après ressembler au monde d’avant, mais en pire.
