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La Kabylie et le dialogue avec Alger...

Déclaration de la Coordination des quartiers et villages de Tizi-Rached (CQVTR)

vendredi 7 novembre 2003, par Masin

Lors du conclave de la CADC à Imzizou, dans sa sénace du 3 novembre 2003, la délégation de la CQVTR a tenu à lire une déclaration à l’adresse des délégués de la CADC réunis à cette occasion.

Nous publions ci-après l’intégralité de la déclaration.

COORDINATION DES QUARTIERS ET VILLAGES DE TIZI RACHED-CQVTR

Déclaration

Plus de trente mois faits de sacrifices incommensurables et de lutte pacifique se sont écoulés depuis les tragiques évènements du Printemps noir, des mois pleins de douleur et de fureur qui ont été sanctifiés par le sang de 124 martyrs et plus d’un millier de blessés et durant lesquels l’inénarrable mobilisation citoyenne, particulièrement en Kabylie, aura sonné le glas d’une fausse situation où la hideuse dictature s’est drapée des superbes oripeaux de la démocratie. Mais, il est un lieu commun en politique que les appareils partisans, en tout lieu et en tout temps, cherchent toujours l’instrumentalisation - par le noyautage ou la récupération - des mouvements sociaux naissants et à défaut leur destruction. Ainsi, survient souvent la paradoxale jonction entre les forces soi-disant progressistes et les forces réactionnaires. Et, c’est le cas de le dire en ce moment concernant les turbulences qui affectent de plein fouet le Mouvement citoyen.

Ce faisant, la démarcation à laquelle ont abouti ces tiraillements au sein de la CADC ne constitue - intervenant à ce stade - rien de moins qu’une décantation salutaire pour le mouvement. Il était évident qu’à mesure que les horizons se précisent, la tentation deviendrait grande, chez certains, pour enclencher une marche à rebours et éviter l’aboutissement de l’alternative radicalement démocratique incarnée par la plate-forme d’El-Kseur. Après une guerre de tranchées menée par des "militants délégués" interposés, les états-majors de certaines formations politiques - aussi, faut-il différencier les apparatchiks des militants sincères à l’instar de ceux qui ont tourné le dos lors des élections de la honte à leurs partis respectifs - ont conflué vers le même objectif, à savoir le sabordage du mouvement. Quant au pouvoir maffieux et assassin, ses tenants espèrent profiter de cet état de confusion émolliente pour se dérober aux aspirations du peuple et ne lui donner que le change. La boucle serait ainsi bouclée.

Le Mouvement citoyen a respecté l’obligation qu’il s’est faite de ne pas se substituer aux partis politiques. Or, ces derniers, préoccupés beaucoup plus par leurs intérêts de chapelle, n’ont pas cessé de parasiter et de torpiller le mouvement : les deux actions étant inscrites sur leurs tablettes, il était clair que ces appareils partisans finiront fatalement, à un moment ou à un autre, au gré bien sûr de leurs calculs et de leurs deals tacites avec des sphères du pouvoir, par se mettre à nu et se débusquer. En ce sens, le honteux manège auquel se sont adonnés certains "délégués partisans" récemment - en organisant un conclave parallèle à Mechtras et en vilipendant les membres de la CADC restés fidèles à leurs engagements - n’en est que la dernière démonstration en date. Manifestement, l’objectif recherché par les conclavistes de Mechtras n’est autre que la déstabilisation de la CADC et du mouvement en général en vue de faire capoter le processus de dialogue pour la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur. En dépit du forcing médiatique, force est de constater que les justifications de ces "conspirateurs" sont loin de tenir la route et leurs plans sont obsolètes autant le sont leurs arguments.

En faisant feu de tout bois pour remettre en cause l’option même du dialogue, décision pourtant prise consensuellement à l’issue de l’interwilayas de Raffour, et en se défaussant sur le document de mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur, ces délégués n’ont fait que dévoiler davantage leurs desseins inavouables. En effet, après avoir été mis en échec à l’intérieur des structures du mouvement en assemblée ou en commission dans leurs tentatives de blocage, ils se sont mis dans l’idée de provoquer une scission au sein de la CADC en s’aidant, pour ce faire, d’un support médiatique mis à leur service. Heureusement, leur manœuvre a subi un échec cuisant. D’autre part, mettre en avant des arguments dérisoires et "empruntés" tels que le fait de dire que "le document de mise en œuvre n’a pas raison d’être puisque les préalables ne sont pas encore satisfaits", n’est-ce pas faire injure à l’intelligence de toute une population ? ! Poussant le ridicule et la fausseté encore plus loin, ces individus suggèrent le rejet même du dialogue sous prétexte que l’on ne peut pas dialoguer avec un pouvoir "maffieux et assassin". Cependant, ces individus font l’impasse, dans leurs analyses farfelues, sur des questions essentielles. D’abord, si l’on s’en tient à ce principe, jamais il saurait y avoir d’accords de paix dans le monde et il aurait été impossible que les accords d’Evian aient pu voir le jour.

Par ailleurs, ce pouvoir "maffieux et assassin" - qui est le même depuis des décennies - ne peut être réductible à quelques personnages génériques car il est plutôt le produit intemporel et impersonnel de tout un système politique qui reste à redéfinir. Secundo, l’option du dialogue a été définitivement tranchée par la population, seule dépositaire de la décision, et ce, dans le sens de la mise en œuvre de la plate-forme d’El-Kseur pleine et entière et non pas d’un quelconque programme de parti politique ou autre organisation. Considérant tous ces faits et conscients de la gravité de la situation, laquelle exige de chacun de se positionner sans ambage et de façon décisive, nous estimons, pour notre part, que les objectifs des "conclavistes de Mechtras" sont aux antipodes des nôtres et, de ce fait, nous appelons à l’exclusion immédiate de ces individus conformément aux principes directeurs du mouvement.

De même que nous appelons tous les citoyens qui ont porté, des mois durant, la dynamique du Printemps noir à s’impliquer davantage et à faire front pour la sauvegarde du Mouvement citoyen et pour le triomphe de sa juste cause. Résolus à honorer notre serment envers les martyrs du Printemps noir et convaincus de la justesse de notre cause, nous réitérons notre engagement à poursuivre le combat pacifique jusqu’à la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d’El-Kseur et à s’opposer à toute trahison ou déviation au sein du Mouvement.

Ulac smah ulac

Le combat continue

Imzizou, le 3 novembre 2003


source : La Dépêche de Kabylie