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Tribune libre
Benzatat, peau amazighe et masque arabo-islamique ou comment devenir colonisable
jeudi 14 mai 2020, par
Sacré Mdjahed Hamid ! Je suis allé, par simple curiosité, m’enquérir de ce qu’il en est des "obscénités intellectuelles" rapportées par des amis et proférées par le sieur Benzatat sur Yidir et la Kabylie, et je tombe, en commentaire, sur une réponse pas comme les autres : celle du sage Mdjahed Hamid. Une réponse que j’ai eu la chance de capter avant que le haineux de Cirta [1] ne la supprime. Ainsi, à l’invitation du "journaliste", spécialiste du nomadisme virtuel, adressée à la Kabylie et à tous les Amazighophones de Tamazgha Centrale à rejoindre l’univers transculturel islamo-arabe algérien, notre chanteur lui répond en lui narrant juste sa biographie. Et c’est là que j’apprends, en même temps que le raciste de Constantine, que Mdjahed Hamid est né à Alger. Enfant, et jusqu’à l’âge de 17 ans, il ne savait parler que l’arabe algérois. Mais grand amoureux de la chanson classique, il rencontre les chanteurs kabyles algérois ou de passage à Alger. Et parmi eux spécialement Cherif Kheddam qui l’a initié à la chanson kabyle. Et c’est ainsi que Mdjahed renoue avec la langue de ses parents qu’il finit par se réapproprier et maîtriser à la perfection !
A la suggestion idéologique de Benzatat invitant le Kabyle à la transculturalité arabo-islamique négativiste par le processus d’acculturation en marche à travers toute l’Afrique du Nord, Mdjahed Hamid, de par son vécu, lui répond en l’invitant à accomplir le processus inverse : renouer avec la langue des ancêtres pour se réapproprier l’identité perdue et ainsi rétablir la mémoire de l’"Algérien" dans sa profondeur historique. Un bel exemple d’acculturation historique sereine propre à une Kabylie profondément ancrée et qui l’intègre sans complexe à la transculturalité universelle saine et apaisée. Une intégration sans reniement rendue possible par une longue tradition d’immigration intérieure et internationale et un penchant inné à la maîtrise des langues des autres, arabe compris. C’est vous dire donc. Alors, avis à tous les jaloux !
Je rappelle toutefois que Benzatat se dit d’origine chaouie. Bien qu’installée à Constantine depuis la fin du XIXème, sa famille se revendique descendant des Zaatcha de Biskra. Deux siècles d’acculturation accélérée tout de même ! Et bien voilà, tout s’explique ! Nous comprenons mieux maintenant l’irréversibilité de son processus d’aliénation, son impuissance à identifier son être profond et son élan frénétique à l’urgence d’un subterfuge identitaire de substitution : l’arabo-islamisme. Mais il est chaoui tout comme Kateb Yacine pardi ! Il a perdu et oublié la langue de ses ancêtres tout comme Kateb Yacine. Et pourquoi donc Benzatat est-il si différent de l’auteur de Nedjma ?
Contrairement à l’aliéné de Constantine, Kateb Yacine, le francophone qui ne maîtrise pas tamazight, après l’illumination de sa première rencontre avec le vieil amazigh monolingue des montagnes, mena une réflexion rétrospective quasi ascétique sur son être et a fini par comprendre que tout ce qui sert de culture, d’identité et d’Histoire officielles à ce pays est faux et ce, depuis la France impérialiste déjà. Et si l’Amazigh d’aujourd’hui succombe à la transculturalité idéologique qui sert de constante au nouveau colon, il deviendra comme Benzatat : un être colonisable. Le Berbère, de l’aveu même de De Gaulle, n’est pas colonisable car il reste trop attaché à sa Terre. Contrairement à la transculturalité sans attache territoriale car sans mémoire identitaire amazighe de l’idéologue colonisée Benzatat !
HA. Chabane.
[1] "Cirta" est l’ancien nom de "Constantine" ou encore "Qsenṭina"