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Journée historique pour la Bretagne
Plus de 25000 personnes se sont mobilisées pour la défense de la langue bretonne le 22 mars à Rennes.
lundi 24 mars 2003, par
C’est parce que la langue bretonne et les autres cultures socialement discriminées en France n’ont aucun avenir dans le cadre constitutionnel et législatif actuel ; c’est parce qu’il est hors de question d’accepter que le statut de la langue bretonne et de son enseignement soient réduits à des mesures précaires et marginalisantes, que des organisations bretonnes, et à leur tête le Conseil culturel de Bretagne, ont appelé à une manifestation le 22 mars à Rennes. En effet, la situation devient de plus en plus inquiétante pour la langue bretonne : des décisions arbitraires et discriminatoires des institutions de l’Etat français visant à démunir la langue bretonne des moyens lui permettant jusque là de survivre ne cessent de se succéder. La situation est tellement dramatique qu’elle met aujourd’hui plus de 2600 enfants des écoles Diwan dans l’incertitude totale quant au sort qui leur sera réservé à la rentrée prochaine.
Rien ne peut arrêter la volonté d’un peuple décidé à exister ! La Bretagne a démontrée ce samedi 22 mars qu’elle n’abandonnerait jamais le combat pour la reconnaissance de sa langue malgré toutes les embûches que l’Etat français lui met sur son chemin.
Les droits linguistiques et culturels sont également prescrits par les Nations Unies et leur non respect est aussi une violation du droit international ! C’était en substance ce que Jean-Dominique Robin, vice président du Conseil culturel de Bretagne, a tenu à rappeler sur la tribune qui avait accueilli quelque quinzaine d’orateurs représentants différentes organisations bretonnes devant le parlement breton à Rennes. L’on ne peut mieux illustrer la situation que fait subir l’Etat français aux langues de l¹hexagone dans un contexte où le respect du droit international domine les débats et devenu le credo de la France et de son président Chirac en particulier.
Ce samedi 22 mars, les rues de la capitale de la Bretagne, Rennes, ont vu défiler plus de 25000 défenseurs de la langue bretonne venus dire "Non à l’appartheid linguistique" que veut imposer l’Etat français. C’est à l’Etat de changer ses lois, modifier sa constitution et "réformer" ses institutions pour s’adapter à la réalité linguistique et culturelle de l’hexagone et non pas aux langues de disparaître par assimilation linguistique afin de se conformer à une législation révolue. Faudrait-il, à l’occasion, rappeler que la France est le seul Etat d’Europe à ne pas reconnaître la diversité linguistique.
Une forte présence des jeunes avait marqué cette manifestation, signe que la revendication linguistique en Bretagne est ancrée dans la société et l¹on ne peut l¹occulter. Il y avait aussi des musiciens, beaucoup de musiciens. Plus de 500 sonneurs sont venus participer à l¹animation de ce rendez-vous historique pour la Bretagne. Ils ont offert un spectacle impressionnant durant toute la la manifestation. Cette ambiance festive e été rendue encore plus agréable avec le temps printanier qu’il a fait à cette occasion.
Plusieurs délégations représentant des langues de l’Hexagone et d’ailleurs sont venues apporter leurs soutien et solidarité au combat des défenseurs de la langue bretonne. Ainsi, Occitans, Catalans, Gallois, Berbères, Basques, Ecossais,... étaient dans le cortège qui a sillonné les rues de Rennes ce samedi 22 février.
Une délégation de Tamazgha (Paris) a fait le voyage en Bretagne et a permis, à cette occasion, au drapeau amazigh de flotter dans le ciel breton. Tamazgha a tenu à exprimer combien Imazighen sont sensibles au combat des Bretons dans leur quête identitaire et dans leurs revendications linguistique et culturel. Elle a tenu également à exprimer combien elle est solidaire avec tous les peuples qui mènent un combat pour leurs droits les plus fondamentaux.
La manifestation historique du 22 mars en Bretagne ne pourra, en toute logique, laisser l’Etat français indifférent et doit le conduire à un changement de sa politique quant à la gestion des langues de l’Hexagone. Une chose est sûre ; les Bretons ne laisseront pas tomber et continueront le combat jusqu¹à la victoire ! Ce que nous avons observé ce samedi 22 mars à Rennes nous autorise à y croire !
Rédaction de Kra Isallen.