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La Bretagne se mobilise pour la libération de Cesare Battisti

Appel d’écrivains, libraires, journalistes et organisateurs de manifestations culturelles en Bretagne

samedi 14 février 2004, par Masin

Nous, auteurs, libraires, journalistes et organisateurs de manifestations
culturelles en Bretagne, avons appris avec stupéfaction l’arrestation le 10
février dernier de Cesare Battisti. Cet écrivain italien réfugié en France
depuis 1990, est incarcéré à la prison de la Santé, à la suite d’une demande
d’extradition émanant de l’Italie de Berlusconi, laquelle nous paraît pour
le moins arbitraire, et dangereuse.

Dans les années 1970, Cesare appartenait, comme de nombreux jeunes Italiens,
à un mouvement d’extrême-gauche qui prônait la lutte armée. En 1991, la
justice française s’était refusée à l’extrader, se basant sur deux motifs. D’abord, l’acte d’accusation fantaisiste qui le chargeait de deux crimes
commis au même moment, à Milan et à Venise, crimes qu’il a toujours niés.
Ensuite, la contradiction qui existe entre la loi française et la loi
italienne, cette dernière ne permettant pas à un condamné par contumace d’
être rejugé, ce qui est le cas de Cesare Battisti, condamné à perpétuité.

Cette incarcération est donc pour nous un déni de justice, un gouvernement n
’ayant pas le droit de remettre en question la chose jugée (le rejet de la
demande d’extradition) sous un gouvernement précédent.

Nous connaissons bien Cesare Battisti, pour l’avoir invité et rencontré à
plusieurs reprises, et avoir lu ses livres. Il nous a raconté les procès de
l’époque, collectifs et très expéditifs, d’autant plus scandaleux quand on
sait l’impunité de ces militaires, qui ont reconnu leur implication dans des
attentats attribués à l’extrême-gauche, et n’ont jamais été jugés.

Cesare Battisti est un homme très attachant qui, s’il ne renie pas les
engagements de sa jeunesse, dénonce aussi l’erreur qu’a constituée selon lui
le passage à la lutte armée. À aucun moment, il n’a fait l’apologie d’un
quelconque terrorisme. Ses ouvres, ses interventions, lors de débats en
Bretagne (à Douarnenez et à Lamballe, notamment), en témoignent, et elles
apportent un éclairage indispensable sur cette période de l’histoire
contemporaine.

Nous demandons donc le respect des engagements de la France et la libération
immédiate de Cesare Battisti, que nous assurons de notre soutien
indéfectible.

Signataires :

Gérard Alle, Louarnig Gwaskell, Denis Flageul, Nicolas de la Casinière,
José-Louis Bocquet (écrivains), Salon Le chien jaune de Concarneau, La
Fureur du noir à Lamballe, Charles Kermarrec et Géraldine Delauney
(librairie Dialogues à Brest), Frédéric Prilleux (médiathèque de Pordic),
Sophie Neuville (le Bistro à Lire à Quimper), le Festival de Cinéma de
Douarnenez, l’association Mauvais genres rade de Brest, Josiane Gueguen
(journaliste).

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