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Rachid Alliche n’est plus !

mardi 18 mars 2008, par Masin

Nous venons d’apprendre, par un communiqué du MAK transmis à notre Rédaction, que L’auteur du premier roman publié en langue kabyle, Rachid Alliche, vient de nous quitter.

La Rédaction tient à présenter ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

Ci-après le communiqué du MAK.




[|Message de condoléances du MAK|]

Le premier romancier kabyle, Rachid Alliche vient de nous quitter à l’âge de 55 ans. Né à Taguemount Azzouz, il a suivi des études universitaires à Alger dans les années 70. Il collaborait avec Mouloud Mammeri dont il avait suivi les cours de tamazight à la fac centrale d’Alger. Il a publié "Asfel" en 1981 et "Faffa" en 1986.

Il était modeste mais érudit, calme mais révolutionnaire en son genre puisqu’il a été un pionnier de la littérature kabyle.

Le MAK s’incline à la mémoire de cet écrivain qui nous laisse un patrimoine culturel et une trace indélébile sur notre mémoire. Ses textes contribueront à nourrir l’imaginaire de nos générations futures.


La MAK,
Kabylie, le 18 mars 2008.

Messages

  • La mort de Rachid Alliche est une grosse perte pour la littérature kabyle. Même s’il n’est pas l’auteur du premier roman en kabyle (C’est plutôt Belaïd At-Ali), il est l’un des pionniers de la littérature kabyle écrite. Il nous a légué des textes littéraires très riches, comme Faffa et Asfel où la crise identitaire collective que vit sa communauté est incarnée par des personnages tourmentés par leur origines et en butte à l’obscurité qui entoure leur devenir. Avec cette disparition, la littérature kabyle est en deuil. Qu’il repose en paix !

    • Azul Amar

      Je ne suis pas d’accord sur le fait que ce soit Belεid At Σli qui a écrit le prelier roman. Belεid a écrit un recueil de contes avec une touche personnelle. C’est vrai que quelques uns de ces contes notamment ’Lwali n Wedrar’ peuvent être considérés comme des nouvelles ou de petits romans, mais le genre du roman proprement dit on le doit bien à feu Racid Σellic avec ’Asfel’. Qu’il repose en paix. Condoléances et courage à sa famille et à ses proches.

    • Ula di lmuta a 3ajaba !
      Tu ne peux pas laisser ce débat de côté en ce moment même anda mazal-agh nettru lmut-is !

    • Nessaram Lkuraj d ameqqran i Twacult n Mass. Âllic. N wedda yimen wergaz iswan ayendin !

    • Rachid Alliche est décédé hier à Alger
      La cause amazigh perd un grand militant

      Né le 7 avril 1953 à Taguemount Azouz dans la daïra d’At Dwala, Rachid Alliche est titulaire d’un DES en physique, décroché à l’université d’Alger. il a eu aussi un DEUG en lettres obtenu à l’université Lyon II. Il a exercé durant de longues années en tant qu’enseignant à Lyon en linguistique africaine.

      Convaincu par ses origines kabyles, Rachid Alliche n’a pas lésiné au cours de sa vie à offrir à cette langue et culture le meilleur de lui-même. En effet, il est l’auteur de deux romans en kabyle. Asfel, le sacrifice, édité en 1981 et Faffa, en 1986. Avec ces deux romans, notamment Asfel, Rachid Alliche a apporté un nouveau regard sur la littérature kabyle. Il a su donner un nouveau souffle à cette culture, menacée d’extinction, ses fils en proie à une acculturation certaine, menée par une idéologie arabo-baâthiste des plus menaçantes. Le travail intellectuel réalisé par Alliche durant le plus clair de sa vie de militant déterminé, est plus qu’un acte militant. Il est en soi l’incarnation d’une culture préservée oralement des siècles durant. Au delà du rôle important qu’il a joué dans tous les mouvements de protestation qu’a connu le Kabylie depuis les années 70, Rachid Alliche constitue la pierre angulaire de cette quête de berbérité. Ses travaux littéraires resteront à jamais pour témoigner de son abnégation et de son dévouement pour cette juste cause. Rachid Aliche est de ceux qui ont fait de leur vie une tribune de combat sincère et juste. Aujourd’hui, il est mort à 55 ans, et c’est toute la berbérie qui perd un farouche défenseur, un digne fils et un intellectuel.

      Outre son apport à la nouvelle littérature kabyle, Rachid Alliche était animateur à la Chaîne II de la Radio nationale. Sa voix envoûtante chargée de sincérité manquera sûrement à ses fidèles auditeurs.

      Tamazgha se souvient inévitablement de ce fils prodige. Il a marqué par sa sincérité et son engagement indéfectible tout un combat. Il a inscrit son nom en lettres d’or dans les annales de la revendication identitaire de toute l’Afrique du Nord. Reposes en paix Rachid, la Kabylie saura rendre hommage à ses dignes enfants, en préservant leurs mémoires et surtout en continuant le combat pour lequel vous avez sacrifiés toute votre vie. Dans un message de condoléances adressé hier à la presse nationale, Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, MAK, souligne que le défunt Alliche, " était modeste et érudit, calme mais révolutionnaire en son genre puisqu’il a été pionnier de la littérature kabyle ". le MAK, par la voix de son président s’incline devant la mémoire de cet écrivain, " qui nous laisse un patrimoine indélébile sur notre mémoire ", et d’ajouter que " ses textes contribueront à nourrir l’imaginaire de nos générations futures ".

      Mohamed Mouloudj
      lien :
      http://www.depechedekabylie.com/read.php?id=53027&ed=MTc2Mw==

    • A chaud

      Azul ;

      Je joins ma voix à celle de « l’ancien » pour m’incliner devant la mémoire de monsieur Rachid Alliche : un monument de la littérature kabyle moderne, un écrivain de talent et un militant de première heure.

      Je suis très ému. Je ne sais pas pourquoi Dame Nature réserve ce sort dramatique à tous ces gens qui pouvaient faire quelque chose que pour que notre culture puisse rester sempiternelle ?

      Mes condoléances les plus sincères à sa famille, à son village et à toute la communauté kabyle qui vient d’être amputée d’un élément de très grande valeur .
      A la culture amazighe nous appartenons, à la culture amazighe restons fidèles.

      Mazighuc

    • Encore un élément de notre patrimoine culturelle qui s’en va, emportant avec lui encore d’autres trésors qu’il n’aura sans doute pas encore eu le temps de nous dévoiler.
      J’ai ressenti une profonde tristesse en lisant ce message de condoléances.

      Mes condoléances les plus sincères.

    • Encore un rempart qui tombe

      Témoignages et pensée

      FAFFA. Je reprends entre mes mains l’ouvrage à la couverture bleu ciel que j’ai découvert à Taguemout-Azouz dans les années 80, un roman traversé de tonalités à la fois engagées, nostalgiques, fantastiques notamment. C’est pour dire Fransa chez nous ! Infame Faffa, errance et découvertes !
      Le roman qui animait tant de discussions dans certains petits cercles culturalistes à l’Université d’Alger et de Tizi-Ouzou et Bgayet durant les années 85-98, à propos de cette forme d’écriture romanesque kabyle nouvelle, qui ne se contentait pas de la fixation écrite d’un répertoire oral mais qui ne le dédaignait guère. Ecrits gorgés de métaphores sans limite, d’interludes plein d’humour et de tristesse
      Rachid Alliche n’a cessé de triturer et essorer la langue, la nouer et la pétrir pour rendre un univers sémantique intarissable, nourri de valeurs de lutte, de valeurs humaines qui ne pouvaient être qu’universelles au grand dam de ceux qui bâtissent l’universalité et l’universalisme sur les dépouilles des peuples et des cultures non officielles. Nous n’avons pas fini avec Faffa ! Une génération d’exilés quoique porteuse d’espoir se charge « d’occuper des rôles » comme dans le roman.
      Une génération d’enfants a été nourrie de comptines, de jeux et autres procédés didactiques en kabyle grâce à l’émission hebdomadaire diffusée par la Radio algérienne Chaîne 2 (berbère). Les adultes y apprenaient tellement, des parents se disaient….et si on s’y mettait ? Je rêvais d’une émission pareille quand j’étais petite, les portes étaient encore fermées, la radio kabyle diffusait des doses homéopathiques truffées d’un matraquage idéologique structuré ; beaucoup de mots étaient interdits…..
      C’était encore les années 70. Le plomb et les geôles… ...

      Rachid récidivait chaque vendredi et, chaque fois avec à une créativité sans pareil, un humour profond parfois décapant. Les enfants qui entouraient Rachid : Tanina, Tiziri et les autres sont maintenant des hommes et des femmes ! Je suis certaine qu’ils sont loin du matraquage du « FONDAMENTAL » (méthodes et programmes arabisants concoctés par l’Education nationale de l’époque).
      Que dire de ASFEL et et des autres travaux de feu Rachid Aliche, le texte risque d’être trop long !
      Oui là on peut vraiment dire qu’aucun déni ou marginalisation ne peuvent avoir raison d’une langue. Benmohamed, Zimo, Hawad amahaq, Zimo, Bessaoud Mohdarav ; Si moh, Yacine, Ferré, Khayyam et bien d’autres ne diront pas le contraire....

      Va où t’attends ton voisin Fouroulou, pas loin, à quelques mètres : entre Tizi -Asker et Techach, en haute kabylie Tu salueras aussi Lounès, Mohya, Taous et Jean Amrouche et tu leur diras, ce que tu voudras, tu donneras les nouvelles d’une Kabylie qui demande une relève : les sentiers sont battus chers ami !!

      Nacira Abrous/Université d’Aix-en-Provence

    • Je suis un ami d’enfance de Rachid, Je suis Benaissa
      Depuis qu’il est mort mon coeur est vraiment en deuil son image ne me quitte pas
      Il m’a fait comprendre le sens du mot ami
      Quand il était à Lyon, à sa compagne M. P., il a répliqué : je n’ai jamais été raciste, contrairement à ce que tu penses, mon meilleur ami est un arabe.
      Je suis fier d’avoir été son ami
      Et je salue son parcours que j’ai toujours admiré
      Maintenant je sais ce que c’est un ami
      Il est parti et aucun ami ne peut le remplacer
      Benaissa

    • Merci pour cet écrit sur celui qui a personnifié et confirmé les valeurs des autres "lui" qui ont disparu.
      A travers lui, je ressens l’identité au sens le plus profond du terme et l’homme aux diverses nationalités emprunt de modestie, d’humour, de gentillesse etc. (respect à sa modestie) qui ne font qu’une personne et paradoxalement aucune identité n’est dérangeante à coté de ses qualités d’homme courageux et noble.
      Benaissa
      son ami d’enfance qui le pleure aujourd’hui