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Musique

Ali Amrane : un nouveau souffle pour la chanson kabyle

mardi 18 janvier 2005, par Masin

Lorsque j’entends ça et là les gens dire que la chanson kabyle stagne et qu’elle ne cesse de perdre du terrain dans son propre fief au profit d’un genre musical venu de l’ouest, j’ai envie de leur dire « Ne vous alarmez pas tant que ça, la chanson kabyle se porte bien. Le vent de l’Ouest ou celui de l’Est ne peuvent être que passagers »

Ma conviction est d’autant plus grande en sortant ce samedi 14 janvier 2005 d’une soirée musicale fort sympathique, concoctée par l’association Tamazgha à l’occasion du nouvel an amazigh.

En effet, c’était dans une ambiance familiale - il n’y a pas d’autre mot - que le quatuor kabyle nous as tenu en haleine durant plus de deux heures.<br<
Look se voulant à la hippy des sixties, sa Takamine en bandoulière, le chanteur kabyle Ali Amrane a su, avec la connivence et la complicité du reste de ses musiciens, transmettre toutes ses émotions au public présent, qui notons-le n’était pas exclusivement berbérophone.

Loin des sentiers battus dans lesquels pataugent en ce moment beaucoup de chanteurs kabyles qui, par manque de moyens pour les uns et de disponibilité pour les autres, ont fini par tomber dans la facilité : un synthé, une boîte à rythmes, et en avant la musique...Ce jeune auteur-compositeur-interprète, et au vu de son show, s’est créé les moyens humains et techniques de faire de la belle musique.

Entouré de trois excellents musiciens, tous Kabyles, venus d’horizons musicaux distincts, la rencontre entre les quatre, soutenus par la chaude et singulière voix de Ali Amrane est simplement explosive.
Depuis le début jusqu’au dernier titre joué, la fameuse « Xali Sliman » ‘Tonton Slimane’, en passant par « Bγiγ ad kem-h’emmleγ » ‘Je voudrais tellement t’aimer’, nous avons assisté à un véritable défilé de morceaux musicaux différents les uns des autres, de par les influences musicales, rock, folk, funky, jazz etc. Joliment joués sur des mélodies venues tout droit de notre chère Kabylie.

A la manière du grand Idir, qui détient l’art de chanter mais surtout celui de conter ses chansons sur scène, Ali Amrane ‘s’efforça’- malgré son apparente timidité - de donner un petit aperçu thématique au public non berbérophone, notamment lorsqu’il interpréta une chanson en hommage à Dda Lmulud qu’il dédia par la même occasion à Mohya et Brahim Izri, deux piliers de la culture berbère, récemment disparus.
Lounès Matoub quand à lui a été célébré par la reprise de l’une de ses plus anciennes chansons remise au goût du jour avec de très beaux arrangements.

Chapeau bas à Ali et à l’ensemble de cette jeune et prometteuse formation : Mourad Rahali qui nous a transportés sur le manche de sa guitare électrique au pays des improvisations réussies. Un grand bravo à Hakim Aït-youcef, l’infatigable batteur, qui passait au gré des tempos de ses grosses caisses, cymbales et autres baguettes, aux magiques sonorités de l’Abendayer de chez nous. Tout cela sous l’agile doigté du bassiste Fatah Lachemot.

Ce n’est qu’avec un travail comme le vôtre que la chanson kabyle retrouvera ses lettres de noblesse. Vous n’êtes pas très nombreux, mais wicqa ! Menyif takemmict n tzizwa, azenbil n yizan.

Enfin un grand Merci aux responsables de l’association Tamazgha ainsi qu’à l’Entrepôt qui nous ont permis de vous découvrir et mis en œuvre les moyens de nous offrir une mémorable soirée, pour juste une participation symbolique de 7 euros, malgré le fait que les places étaient limitées.


Mazighuc.

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