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Livres
De Massinissa à Saint-Augustin
Un ouvrage sur la période antique de l’Afrique du Nord.
mardi 4 mai 2004, par
Serge Lancel est historien et archéologue, professeur émérite à l’Université de Grenoble. Durant sa longue carrière, l’auteur a effectué de nombreuses fouilles archéologiques à Carthage (en Tunisie), à Tipasa et dans le Constantinois (en Algérie).
Omar Daoud est universitaire et photographe. Ses photographies ont été exposées en Europe et au Brésil.
Le livre de Serge Lancel comporte quatre grandes parties qui traitent successivement des thèmes suivants : les royaumes numides ; les Romains en Afrique du Nord ; les contacts entre Romains et Imazighen : une civilisation romano-africaine (?) ; la christianisation et l’arrivée de l’islam.
Ce très bel ouvrage porte dons sur environ quinze siècles de l’histoire de l’Afrique du Nord et surtout de l’Algérie. C’est toute la période comprise entre les premiers royaumes numides, au moment où Carthage imprime son influence sur les régions septentrionales de l’Afrique du Nord, et la fin de la présence byzantine (qui succède à Rome) à l’autorité de laquelle les premiers conquérants islamo-arabes venus de la péninsule arabique via l’Egypte (elle aussi conquise) mettent un terme.
Chacun sait que durant la période coloniale française, les recherches archéologiques portant sur la période dite "romaine" de l’Algérie ont été plus ou moins (selon les chercheurs) influencées par des considérations d’ordre idéologiques et politiques. Par rapport à la puissance civilisatrice qu’était Rome, les autochtones amazighs (dits Berbères) étaient considérés comme des peuplades barbares plus ou moins réticentes face à l’influence bénéfique des Romains. Les Français se retrouvent, quinze siècles plus tard, dans la même position que les Romains, on se devait de reprendre en la généralisant cette œuvre antique de civilisation.
L’un des auteurs qui contribua le plus à la critique de cette représentation du passé qui assignait aux Imazighen le rôle peu glorieux de Barbares sommés de s’adapter à la civilisation du plus fort (et du plus intelligent) fut Marcel Benabou avec son ouvrage La résistance africaine à la romanisation, paru en 1976 chez Maspéro.
Et voici qu’en 2003, Serge Lancel nous livre, dans un contexte plus serein et sans enjeu politique immédiat, un ouvrage qui rend compte de manière scientifique de cette longue période antique.
Dans un style clair et accessible au lecteur non-spécialiste, l’auteur évoque les différentes cultures et les hommes qui les ont produites depuis la préhistoire ; la constitution des royaumes amazighs (Maures et Numides) avec les rivalités et conflits internes souvent exacerbés par les puissances étrangères qui luttaient souvent par Imazighen interposés ; la fondation des villes et l’évolution de l’organisation urbaine ; la progression de la domination romaine avec ses conséquences sur les pouvoirs et les communautés locales ; la période byzantine durant laquelle s’épanouit l’église d’Afrique du Nord avec son plus illustre représentant, Saint Augustin.
Cet ouvrage est abondamment illustré par les magnifiques photographies d’Omar Daoud qui permettent au lecteur de contempler les beaux paysages, les ruines évocatrices et parfois bien conservées de nombreux monuments dont l’architecture porte la marque des influences culturelles, les nombreuses fresques consacrées à la vie quotidienne, des statues de divinités dont le culte circulait sur les différents rivages de la Méditerranée, des portraits de personnages souvent anonymes mais aussi de chefs qui ont marqué l’Histoire...
Pour les lecteurs jeunes (et moins jeunes) qui s’intéressent au passé des Imazighen, notamment aux royaumes Maures et Numides, et qui n’ont pas toujours le temps et la possibilité de fréquenter les bibliothèques, la lecture de cet ouvrage s’impose, et plus particulièrement le chapitre II (les royaumes Numides), pages 36-69 dans lequel on retrouve une synthèse sur cette question, ainsi que les pages 234-245 qui sont consacrées à la fin de cette période antique, avec l’évocation de la Numidie à l’époque de Saint Augustin ainsi que les relations entre Maures et Vandales, la fin de la période byzantine et l’arrivée de nouveaux conquérants, les islamo-arabes. Mais ceci est une autre histoire sur laquelle nous n’avons pas encore de synthèse claire, objective et dénuée d’a priori idéologico-politiques.
Signalons enfin que l’ouvrage de Serge Lancel comporte des cartes, une chronologie et une bibliographie succincte ainsi qu’un glossaire qui précise le sens de termes souvent inconnus du grand public.
Serge LANCEL
L’Algérie antique de Massinissa à Saint Augustin,
Editions Mengès, Paris, 2003.
Photographies d’Omar DAOUD
Rachid Bellil.
Messages
1. > De Massinissa à Saint-Augustin, 12 avril 2004, 10:15, par O.-O. N’ATH ALI
Merci, avant tout, pour l’existence de votre (notre)site !
Merci de nous faire connaître tout événement lié à l’ Histoire et la Culture du pays d’ Atlas (Êyth-I-llê-y-Ês ; contraction : ê Thelês ) !
Atlas , oui, ce dénominateur géographique commun à tous les habitants de l’Afrique du Nord ; et dénominateur mythique commun à toute l’Humanité supportant le poids du Monde.
2. > De Massinissa à Saint-Augustin, 27 janvier 2006, 15:12, par Redjdal Zaghdoud"mastanabal"
de Massinissa à Saint-augustin ya des Hommes.