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Coup de cœur musical : Chants soufis de Kabylie...

par Amar Ameziane

jeudi 22 décembre 2005, par Masin

Hormis quelques rares voix, qui se distinguent tant par leur timbre que par leur force, la chanson féminine kabyle est réduite cette dernière décennie au non-strop, "genre" conçu pour festoyer et égailler des gens en mal de défoulement. Après l’extinction de Zohra, des voix comme celle de Malika Domrane ou encore celle de Zahra n Summer s’effacent devant d’autres que les auditeurs kabyles réclament de plus en plus afin de sortir de la torpeur de leur quotidien. Les exemples ne manquent pas de chanteuses qui rappellent, confirment et confortent le tristement célèbre qualificatif "al-oughnia al-qabâiliya al-khafîfa".

Alors, nous n’avons d’autre choix que d’attendre que sorte, de temps en temps, un CD non pas qui nous fasse danser...mais qui nous fasse voyager à travers ce qui reste encore de notre culture, rattrapée, elle aussi, par le vent de la "modernité".

Chants soufis de Kabylie fait partie des CD à écouter car il nous réconcilie avec une partie de notre patrimoine culturel très longtemps ignoré : les chants soufis. L’auteur n’est autre que Nadia Ath-Mansour, fille du poète Ramdane Ath-Mansour. Nadia, qui cumule les vocations - elle est médecin-psychanalyste, écrivain- révèle, ici, une voix forte à même de redonner le goût aux auditeurs kabyles.

C’est la première fois, à notre connaissance, qu’une voix féminine chante des chants soufis. Les auditeurs peuvent être choqués (est-ce le terme qui convient ?) s’ils ne se sont au préalable imprégnés des notions de soufisme, de mystique. Le sujet qui s’exprime dans les textes est un sujet humain qui cherche à fusionner avec le divin. On retrouve la même quête dans la poésie du poète-chanteur Si Moh.

Voici comment est présenté ‘Ad cekkreγ’, un des chants qui composent l’album : "chant de louanges à Dieu, par les pèlerins de l’âme. Ils foulent le long sentier de l’Esprit, sentier qui ne connaît ni le désir, ni la plainte, mais la joie silencieuse de la proximité. Le seigneur est loué dans l’épreuve comme dans l’abondance, dans la souffrance comme dans la joie."

Le lexique utilisé par Nadia Ath-Mansour pour présenter ce texte montre que le sujet s’inscrit dans un cadre qui transcende l’environnement matériel immédiat, aspirant à une transcendance.

La voix de Nadia Ath-Mansour est accompagnée à la guitare sèche. Si les "connaisseurs" en musique peuvent trouver la musique banale et les accords trop simples, nous pensons, pour notre part, que cette musique sied bien à la thématique abordée. Et puis, le but n’est pas de danser, mais... de méditer.


Amar Ameziane

Messages

  • Bravo a Nadia ,
    Pour ma part j’espere que ce travail fera partie d’un ensemble plus vaste pour que les Berberes se reapproprient tout leur patrimoine spirituel. Et puisque vous avez parle de la meditation , comment alors ne pas evoquer notre illustre ancetre ’Saint Augustin’.Et comment ne pas citer cet écrit de Saint Augustin (Confessions chapitre 10) que j’ai extrait d’un Livre (« Jésus parlait araméen » d’Eric Edelmann) : « Je Te cherchais dehors et Tu étais dedans ».

    Cordialement

    Karim

    Confessions de Saint-Augustin,
    VI. CE QU’IL SAIT AVEC CERTITUDE, C’EST QU’IL AIME DIEU.
    8. Ce que je sais, de toute la certitude de la conscience, Seigneur, c’est que je vous aime. Vous avez percé mon coeur de votre parole, et à l’instant je vous aimai. Le ciel et la terre et tout ce qu’ils contiennent ne me disent-ils pas aussi de toutes parts qu’il faut que je vous aime ? Et ils ne cessent de le dire aux hommes, « afin qu’ils demeurent sans excuse ( Rom. I, 20). » Mais le langage de votre miséricorde est plus intérieur en celui dont vous daignez avoir pitié, et à qui il vous plaît de faire grâce (Ibid, IX ; 15) ; autrement le ciel et la terre racontent vos louanges à des sourds.
    Qu’aimé-je donc en vous aimant ? Ce n’est point la beauté selon l’étendue, ni la gloire selon le temps, ni l’éclat de cette lumière amie à nos yeux, ni les douces mélodies du chant, ni la suave odorance des fleurs et des parfums, ni la manne, ni le miel, ni les délices de la volupté.
    Ce n’est pas là ce que j’aime en aimant mon Dieu, et pourtant j’aime une lumière, une mélodie, une odeur, un aliment, une volupté, en aimant mon Dieu ; cette lumière, cette mélodie, cette odeur, cet aliment, cette volupté, suivant l’homme intérieur ; lumière, harmonie, senteur, saveur, amour de l’âme, qui défient les limites de l’étendue, et les mesures du temps, et le souffle des vents, et la dent de la faim, et le dégoût de la jouissance, Voilà ce que j’aime en aimant mon Dieu.
    9. Et qu’est-ce enfin ? J’ai interrogé la terre, et elle m’a dit : « Ce n’est pas moi. » Et tout ce qu’elle porte m’a fait même aveu. J’ai interrogé la mer et les abîmes, et les êtres animés qui glissent sous les eaux, et ils ont répondu : « Nous ne sommes pas ton Dieu ; cherche au-dessus de nous. » J’ai interrogé les vents, et l’air avec ses habitants m’a dit de toutes parts : « Anaximènes se trompe ; je ne suis pas Dieu. » J’interroge le ciel, le soleil, la lune, les étoiles, et ils me répondent : « Nous ne sommes pas non plus le Dieu que tu cherches. » Et je dis enfin à tous les objets qui se pressent aux portes de mes sens : « Parlez-moi de mon Dieu, puisque vous ne l’êtes pas ; dites-moi de lui quelque chose. » Et ils me crient d’une voix éclatante : « C’est lui qui nous a faits ( Ps. XCIX, 3). »
    La voix seule de mon désir interrogeait les créatures, et leur seule beauté était leur réponse. Et je me retournai vers moi-même, et je me suis dit : Et toi, qu’es-tu ? Et j’ai répondu :
    « Homme. » Et deux êtres sont sous mon obéissance ; l’un extérieur, le corps ; l’autre en moi et caché, l’âme. Auquel devais-je plutôt demander mon Dieu, vainement cherché, à travers le voile de mon corps, depuis la terre jusqu’au ciel, aussi loin que je puisse lancer en émissaires les rayons de mes yeux ? (454)
    Il valait mieux consulter l’être intérieur, car tous les envoyés des corps s’adressaient au tribunal de ce juge secret des réponses du ciel et de la terre et des créatures qui s’écriaient Nous ne sommes pas Dieu, mais son ouvrage. L’homme intérieur se sert de l’autre comme instrument de sa connaissance externe ; moi, cet homme intérieur, moi esprit, j’ai cette connaissance par le sens corporel. J’ai demandé mon Dieu à l’univers, et il m’a répondu : Je ne suis pas Dieu, je suis son oeuvre.
    10. Mais l’univers n’offre-t-il pas même apparence à quiconque jouit de l’intégrité de ses sens ? Pourquoi donc ne tient-il pas à tous même langage ? Animaux grands et petits le voient, sans pouvoir l’interroger, en l’absence d’une raison maîtresse qui préside aux rapports des sens. Les hommes ont ce pouvoir afin que les grandeurs invisibles de Dieu soient aperçues par l’intelligence de ses ouvrages ( Rom. I, 20). Mais ils cèdent à l’amour des créatures ; et, devenus leurs esclaves, ils ne peuvent plus être leurs juges.
    Et elles ne répondent qu’à ceux qui les interrogent comme juges ; et ce n’est point que leur langage, ou plutôt leur nature, varie, si l’un ne fait que voir, si l’autre, en voyant, interroge ; mais dans leur apparente constance, muettes pour celui-ci, elles parlent à celui-là, ou plutôt elles parlent à tous, mais elles ne sont entendues que des hommes qui confrontent ces dispositions sensibles avec le témoignage intérieur de la vérité. Car la Vérité me dit : Ton Dieu n’est ni le ciel, ni la terre, ni tout autre corps. Et leur nature même dit aux yeux : Toute grandeur corporelle est moindre en sa partie qu’en son tout. Et tu es supérieure à tout cela ; c’est à toi que je parle, ô mon âme, puisque tu donnes à ton corps cette vie végétative, que nul corps ne donne à un autre. Mais ton Dieu est la vie même de la vie.

    • le mystique soufi est d une profondeur et d une richesse incommensurable, vive tamazgha
      Il faut lire l auteur René Guénon pour comprendre notamment la "crise du monde moderne " en livre de poche chez gallimard
      tanemirt

  • Tanemmirt ghef wawal id-tewwim ghef tmettût agi icennun isefra isufiyen n Leqbayel. Yadra yettnuz CD di Tmurt n Lzzayer ? anda i yezmer wemdan ad at-yaf ?.
    D acu kan mi tennîd "Les auditeurs peuvent être choqués (est-ce le terme qui convient ?) s’ils ne se sont au préalable imprégnés des notions de soufisme, de mystique".
    Ur walagh ara acu i yzemren ad yilli"Choquant" deg taghect hlawen n tmettût ladgha ma d ccna Asufi ?.
    Timîdt n tudert deg unamek n wassagh yellan garanegh d Ugellid Ameqqran, s Tzêlwa ghef Yimceyâan-ines akken ma llan( Sidna Mûhemmed, Sidna Âisa, Sidna Musa d wiyîd mêrra).

    Tanemmirt

  • J’ai la chance d’écouter cet album sur la radio chaine II en plus c’est une intellectuelle ! et je dois dire que je suis fier d’être kabyle !!!

  • Au lieu de chanter la gloire de dieu, tu devrais plutôt chanter la souffrance des femmes musulmanes discriminées et baillonnées pour la gloire de dieu. Il y a plus méprisable que le fanatique religieux se faisant passer pour l’avocat de dieu : la femme qui glorifie une religion et un dieu créés exprès pour légitimer l’injustice exercée contre les femmes !

  • AZUL
    Bghigh kan asinigh i-tmetut-agi s-niya d sfa ; ur-ttaâtil-ara duwla tt-neghlaft n idlles am d-siwelen asen d dekredt cituh di tiliviziou.
    acku duwla ayen akw imalen ar din d- cghwel nssen akm-smeghren ak messalin d-asawen ar-igeni. Isinakina ad sdhun yissem lghaci s-isem rebbi d nbi aken ad-yers sber af-lghaci yecca laz di tudrin ma-d-kem attargudh tebdhedh alebghim.
    Anda telidh a louenace ur nehwadj tiliviziou negh radio aken ad yessaou isem, anda tellidh a kateb yacine imenan amzgun d gwebrid, anda terridh a da lmulud yugin ad-ixdem ar duwla ackud yesnitt tt-amesbatlit d methila. d gmi ibghigh asinigh i-tmetut-agi aqlagh d giwen zman sekra bwin ibghan ad-ilqem itt-nadi ad-icelqem.
    SGHUR TILIWA MOULOUD

    Voir en ligne : Coup de coeur musical : Chant soufi

  • Une psychiatre qui participe à l’abrutissement de son peuple !? Quelle honte ! Mais il faut l’interner celle-là !

  • Azul
    Un conseil Nadia ne sois pas comme Said Saidi, joue toi un rôle positif au lieu de glorifier ce que mon grand père appelle Dieux de la kabylie "Laouliya Essalhine" ta une belle voix exprime toi au vagues de la musique classique, Wagner par exemple

    n’empéche que tu es belle, le genre de femme debout plein de Charisme.

    Samir Adekar

  • BONSOIR
    en fait je suis aller dans plusieurs fnac et aucun vendeur n’a été capable de me trouver la référence du CD de Nadia Ath Mansour"chants soufis de Kabylie".Pouvez-vous m’indiquer un disquaire où il est possible de se le procurer ?
    Je vous remercie cordialement par avance pour votre réponse.
    Ouiza.

  • Azul mara fellawen.
    Ceux qui disent qu’elle tord de chanter des chants soufis s’egarent car ces chants font parti de notre culture. Le soufismen kabyle est très riche alors aux anti-musulmans svp laissez nous nottre culture au lieu d’essayer d’évangéliser on en a marre de votre prosélytisme. Tanemirt.

    • tous les chants de quelque nature que ce soit soit beaux à écouter.
      sachez qu’on est pas obligé d’être musumlan pour écouter les chants de nadia nath mansour.
      Je suis Kabyle avant tout.
      Pourquoi mélanger la culture et la religion ?
      C’est d’ailleurs la méthode qu’a choisi l’envahisseur pour nous dominer depuis 14 siècles.L’ALIENATION CULTURELLE PAR USAGE DE LA RELIGION.

      THANMIRTH

  • je souaites que dieu nous aide pour raver notre langue tamazight. avec notre langue a imazighne gatar afousse go fousse an ssilye tamazighte ssa flla) hamid bouayout izilf tinjdad el rachidia

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  • Absolument impressionnant ! J’ai pensé à la regrettée Taos Amrouche !
    Effectivement, des Taos et Nouara, il n’en náît pas plusieurs par siècle. Nadia At Mansour est parmi ces grandes voix, à mon avis.
    C’est un CD que je veux acheter et que je vais proposer à Radio Canada / Espace Musique. Il y a là des mélodies que l’on veut partager avec le monde, et si c’est en Tamazight, c’est encore mieux !

  • la chanteuse Nassima chante également des chants soufis de la tariqa el ’Alawia et son dernier cd ne contient que ça. Houria ’Aïchi s’y est assi essayée en compilant ce qui se fait dans les Aures. ’Aïcha Redouane une chanteuse marocaine fait ça avec bonheur et conviction en chantant Roumi et Ibn Arabi... sans compter ce qu’elle recueille aussi au sein de la tariqa el Qaddirya et, je suis sûre qu’en étant un peu plus attentifs on en dénombrerait davantage encore en arabe ou dans les langues amazigh. Bonne recherche...