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Aït-Menguellat : pour une réhabilitation du sens...

Compte rendu d’écoute de l’album Yenna-d umγar d’Aït Menguellet.

vendredi 25 février 2005, par Masin

Aït Menguellet, qu’on ne présente ici à personne, a sorti son dernier album le 17 janvier 2005 à Tizi-Ouzou, chez IzemPro. Intitulé Yenna-d umγar, ce produit continue sur la lancée prise par In-asen, un album, rappelons-le, dans lequel Aït Menguellet durcit le ton et va plus loin que d’habitude dans son attitude critique à l’égard d’une société qui perd de plus en plus les valeurs ancestrales. Dans In-asen, le poète s’est donné un programme, ce que confirme le nouvel ouvrage, qui consiste à brusquer les membres d’une société qui tend de plus en plus à l’amnésie. L’amnésie est justement ce dont il est beaucoup question dans l’album Yenna-d umγar.

Sur le plan purement musical, le produit a été travaillé par des musiciens de grande classe. Outre le talent croissant de Djâfar Aït Menguellet, la fine oreille musicale de Madjid Halit du Studio Yugurten à Azazga n’a laissé passer aucune fausse note. Tout le monde sait que ce n’est pas ce qui manquait dans les précédents produits d’Aït Menguellet. Madjid Halit, qu’on peut qualifier de soldat de l’ombre, s’est à lui seul occupé de plusieurs instruments musicaux : guitare sèche, luth, mandole, synthé, etc. C’est dire qu’il y a dans le produit une polyphonie musicale extraordinaire. Tant mieux pour Lounis qui recherche de plus en plus la qualité et qui confirme qu’on peut se moderniser tout en restant soi-même. Ses chansons peuvent désormais être écoutées par tout le monde.

Par ailleurs, et c’est là une heureuse chose, le CD est d’abord sorti en Kabylie. Quoi qu’on en dise, celle-ci reste le milieu naturel et le public de Lounis se trouve majoritairement en Kabylie. Ce n’est que justice rendue puisque dans les précédentes années, il fallait attendre des mois, plusieurs mois pour qu’arrive un album sorti en France. Est-ce la volonté du poète de reconquérir son public ? Rappelons juste que les campagnes de discrédit à son égard ont pendant longtemps fait ravage. Mais les choses finissent toujours par s’éclaircir.

Six chansons composent le CD : Dda Yidir, Yerna yiwen wass, Ccna n tejmilt, Ini-d ay amγar, Yenna-d umγar, Asendu n waman. Les textes sont construits dans des modes différents et chaque mode, on le verra plus loin, a sa fonction propre dans l’économie du texte et répond souvent à un besoin précis.

Dda Yidir est un texte qui met en scène des personnages d’un certain âge : le déterminant dda précédant le prénom le confirme. Les prénoms qui leur sont attribués n’étant plus à la mode dans la Kabylie d’aujourd’hui, les personnages sont représentatifs d’un passé qui s’estompe ( ?)...qui n’est plus. Rassemblés autour d’un feu, une pratique dont on ne garde que le doux souvenir, dda Yidir, dda Âemmar, dda Qasi, dda Âacur, dda Âli, dda Âisa, dda Meqqran, dda Yusef, dda H’emmu, témoignent d’un temps qui ne semble plus être le leur, tant les valeurs qu’ils connaissaient ne sont plus. Dda Yidir, à l’allure d’un ameddah’ qui ne mâche pas ses mots, semble être le personnage le plus préoccupé, le plus révolté par l’effritement (?) de la situation. S’adressant à chacun chaque membre de l’assistance, il dresse un tableau très sombre, à la manière d’un réquisitoire, contre une société devenue laxiste et sans repères :

Nerra lud’a d agadir
Wi igrarben nebγa ad t-nezwir
Tismin-nneγ di twaγit

Nettuγal kan γer deffir
Ayen ilhan ur d-as-nezmir
Ayen i γ-ihudden nh’emmel-it


La jalousie est l’un des maux dont nous ne voulons pas nous défaire. Quitte à préférer le ravin au plat, l’essentiel étant pour chacun de surpasser l’autre...même dans le pire. La mauvaise volonté a pris chez nous la place des bonnes intentions. Notre conduite ne peut donc être que désastreuse. Ceci s’ajoute à notre amnésie très tôt diagnostiquée chez nous.
Le procédé utilisé dans cette chanson par Aït Menguellet est très original. Si d’ordinaire le dialogue a lieu entre deux interlocuteurs, dans le texte, il y en a plusieurs. S’adressant à chacun d’eux, dda Yidir, qui semble espérer un constat meilleur de la part de ses interlocuteurs, n’obtient en guise de réponse que la confirmation de ses dires. Répondant à l’unisson, à la manière d’un chœur, ils confirment l’amer constat :
A dda Yidir
Ayen ilhan ur das-nezmir
Ayen i γ-ihudden nh’emmel-it


Dans le texte Yerna yiwen wass, le poète convoque sur la même surface textuelle cinq personnages typiques, chacun son « métier » : le paysan, le bœuf (et oui, c’est un personnage), le commerçant, le politicien, et...le poète. Il y a des textes littéraires qui restent très opaques, malgré nos efforts de les pénétrer. Ce texte en fait partie. Qu’est ce qui peut bien servir de lien entre ces différents personnages ? Chacun d’eux bénéficie dans l’économie du texte du même nombre de vers : une strophe de treize vers. Chaque strophe raconte le quotidien de chacun : le paysan est attaché à la terre qu’il cultive (tekkred’ ss’beh’ γer ccγel-ik, i k-yettrağun d lmelk-ik, d ass tettεawaded’ s leh’fa) ; pour le bœuf de labour les jours se suivent et se ressemblent (ay azger mi dak-d-bran, tas’ebh’it γer udaynin, keč d gma-k γer uzaglu) ; le commerçant accumule ses avoirs (tettakid’-d s yedrimen, kul ddqiqa s wazal-is, lweqt γur-k d sselεa)  ; le politique fabrique des illusions (tessalayed’ it’ij s leγlad’) ; le poète observe avec dépit son entourage (iγad’-ik kra tettwalid’, ur tezmired’ ad tessusmed’, tnet’qed’-d s wawal-ik). Quand on examine les quatre derniers vers de chacune des cinq strophes, il y a quelque chose en commun entre elles : chacune contient la fin qui est réservée à chaque personnage.
Ainsi, pour le paysan :
S yiwen wass-nnid’en
Ineγs-d si tudert-ik


Pour le bœuf :
S yiwen wass-nnid’en
D ass i deg ara k-rren lxir-ik


Pour le commerçant :
S yiwen wass-nnid’en
Ideg ara d-teooev leréaq-ik

Pour le politique :
S yiwen wass-nnid’en

Ideg ara yekfu leh’sab-ik

Enfin, au poète :
S yiwen wass-nnid’en
Ideg ara d-ttmektayen isem-ik



En somme aucun n’aura à envier son sort à l’autre : le jour de la disparition du poète, on fera mine de commémorer son nom et on le « fera exister pour l’éternité ». Le commerçant laisse derrière lui toutes ses « richesses », allusion faite à l’aspect éphémère de l’avoir. Le politique s’en va et avec lui ses calculs. Pour mieux récompenser le bœuf pour ses efforts, on l’égorge. Le paysan qui reste attaché à son lopin de terre part avec le regret de l’avoir laissé derrière lui. Le texte forme ce qu’on pourrait appeler une méditation sur la condition humaine.

Le texte Ini-d ay amγar commence par des notes musicales qui évoquent la chanson Muqel kan wi d-ir’uh’en et toute l’atmosphère de tristesse entourant un vieux couple abandonné. Le poète convoque la figure du vieux sage et l’interroge sur le pourquoi de l’état actuel du monde. Mais aucun écho ne semble venir du sage. L’absence d’écho signifie la gravité de la crise. Ni les sages, ni mêmes les saints (ssalh’in [1]), une autre figure de sens [2], ne répondent au cri du poète. Le monde actuel n’est plus le leur, il vit une crise de sens aiguë. Autrement comment expliquer que l’homme détruise tout ce qu’il a lui même construit :
Nettwali zzman kra i yebna
Ihudd ur d-yeg°ri later
(...)
...tesleb ddunit
Ss’wab iγleb-it leγlad’
(...)
Lh’eqq yellan zik iruh’
Lbat’el izdeγ amkan-is
(...)


Les maux sont innombrables. Les valeurs sont inversées. Quel sens donner au monde ?
Dans le texte Yenna-d umγar, le poète finit par arracher quelques bribes de discours au vieux sage. Il finit par parler, mais que nous dit-il ? Et bien, il nous dit les choses que nous n’avons sûrement pas envie d’entendre. Tout le texte tourne autour du thème de l’amnésie, notre « sport favori ». Le passage suivant le confirme.

Ayen i d-id’err’un
γas akken nnid’en
Nez’ra-t zik yakan
Ur tesεad’ d acu d-yennulfan



Ccna n tejmilt est un texte construit sur le mode de la devinette. Aït Menguellet réactualise ce genre littéraire pour rendre hommage de manière assez particulière à des personnages dont il ne juge pas nécessaire de nous révéler l’identité. La devinette se trouve alors amputée d’une bonne partie : celle qui consiste à donner la réponse. Or, la réponse dans le cas présent ne semble pas intéresser l’énonciateur, et pour cause...
Les personnages recherchés à travers la devinette posée sont repérés par les éléments suivants :
Rriγ tajmilt tameqqrant
I win i d-yennan
(le verbe)
(...)
I win d-isnulfan (la cration)
(...)
I win i d-yufan (la découverte)
(...)
I win ifaqen (l’éveil)
(...)

Le premier est identifié par son dire, le deuxième par son acte créatif, le troisième par ses découvertes, le quatrième par son éveil. Mais quand on examine le contenu des actes eux-mêmes, on découvre qu’il est à chaque fois vide. Qu’on en juge.
Rriγ tajmilt tameqqrant
I win i d-yennan
It’ij kul ss’beh’ yuli
Γas ma iγumm-it usigna
(...)


De quel fait extraordinaire s’agit-il dans ce passage si ce n’est une d’évidence ? Celui qui a énoncé une évidence mérite t-il qu’on lui rende hommage ? De même pour celui qui a découvert que le mal gène et qu’à chaque malade il faut un remède. Il ne faut pas le confondre avec celui qui a découvert la maladie. L’attitude de l’énonciateur est visiblement ironique. Mais quelle est la signification à donner à cette attitude à un niveau global. Il faut dire que rien ne surprend dans l’acte même de rendre hommage. Ce qui surprend, par contre, c’est lorsqu’on rend hommage pour des actes ordinaire. Et c’est à ce niveau qu’on peut parler d’ironie. Celle-ci provient du fait qu’il y a incompatibilité entre la forme et le contenu.
Pour extrapoler un peu, les exemples ne manquent pas dans la réalité quotidienne. Les hommages fusent comme des youyous. On en distribue à tort et à travers. Par-ci des colloques, par-là des rassemblements, à l’allure de Carnaval fi ddechra. Ceci, c’est la coquille, la forme. Quand on examine le contenu, on regrette que tant de temps ou d’argent soient gaspillés pour des « causes » qui sont loin de justifier de tels événements. Mais, le travestissement existe, hélas, partout.

La chanson Asendu n waman adopte le même ton qu’on retrouve dans l’album In-asen, à savoir un ton virulent qui s’attaque aux racines de nos malheurs. L’énonciateur revient sur nos maux qui n’ont décidément pas l’air de vouloir nous abandonner.
Kul lweqt yewwi-d tiyita
εeddant s nnuba
Anwa aγilif i γ-yettun
Wa yecfa wa ur yecfa
Tesdukel lh’emla
Win ur necfi d wi iceffun
Melmi ara d-nger nnehta
Ara yilin d ddwa
D nnehta ara γ-yesseh’lun



L’expression asendu n waman traduit implacablement nos agissements à contre courant. Si d’ordinaire, on bat le lait, (nessenday iγi neγ udi), pratique dont il ne reste, hélas, que les mots pour la désigner, avec pour résultat de succulents morceaux de beurre (tiwaracin n wudi), aujourd’hui on s’applique à brasser le vent, avec pour résultat la tempête. Comment expliquer, en effet, que nous abandonnions les chemins sûrs pour prendre ceux qui n’ont pas issues ?
On peut oser une interprétation et dire que ce texte peut avoir pour cible la classe politique kabyle. Une des caractéristiques de celle-ci est son incapacité à s’affranchir des lobbies politiques « supérieurs ». Prêter allégeance à d’autres est sans doute la meilleure façon de rester dans l’ombre et de ne récolter en fin de compte que les restes, si restes il y a. Les acteurs politiques kabyles - peut-on au juste qualifier d’acteurs ceux qui n’agissent pas ? - sont la plupart du temps réduits à défendre des causes qui ne sont pas les leurs. En d’autres termes, ils sont plus des faire-valoir qu’autre chose. Dans le domaine du cinéma, on appelle cela faire de la figuration. N’est ce pas ce que nous suggère le passage poétique suivant ?

A wid yestufan
Yessenduyen aman
Tleεbem asaru
Ideg ur nesεi amkan
Ssenduyet aman
A wid yestufan
Kemmlet asaru
Tleεbem s lqis
Wissen amek ara yekfu
Mi ara yawed’ lh’edd-is


A travers ce nouvel album, Aït Menguellet semble vouloir réhabiliter une des fonctions du poète dans la société : celle de pointer du doigt nos maux et nos lacunes et de dénoncer notre amnésie. S’il nous fait du mal, il ne manque, cependant, pas de nous donner du plaisir. Car, les mots servent souvent à exorciser le mal.


Amar Ameziane.



 Lire également :
Le dernier album d’Aït-Menguellat est enfin arrivé en France.


[1L’appel aux saints lancé à travers le texte Ssalh’in sous la voix de Djaafar Aït Menguellet reste lui aussi sans écho. Cf. Ssalh’in, dernier album de Djaafer Aït Menguellet.

[2Farida Ait Ferroukh définit les figures de sens comme « de fortes personnalités capables de créer de contraignantes dettes de sens chez les membres du groupe »...

Messages

  • bonjour tout le monde, je vous remercie beaucoup pour cet article sur le dernier album de notre grand poete Lounis...
    En lisant l’article, j’ai été vraiment ému, parceque Lounis est d’un niveau trés haut, il confirme qu’il est parmi les plus grands poetes qu’ait connu la kabylie... Il est aujourd’hui, incontestablement le meilleur même si comme il le disait dans l’une de ses chanson, ce n’est important de regarder qui est meilleur....
    Par contre, je veux vous poser une question, concernant la chanson assendu n wamane, j’ai remarqué que dans la traduction du titre ( amane = vent) je crois que amane c’est l’eau non ? on tout cas chez nous on dit amane pour désigner l’eau ????
    je vous remercie d’avance et tous mes respects pour Lounis

    yidir si Bordeaux

    • "Il n’y a pas de bonnes traductions. Il n’y en a que des correctes." Mouloud MAMMERI.

      Aman = eau, en effet.
      "Asenddu n waman" est impossible, c’est une expression... comme l’est la phrase "brasser du vent"...

    • merci pour la réponse qui a été si vite, en fait moi je ne connais pas cette expression "brasser du vent",je veux aussi vous poser une autre question , est-ce que cette analyse sur cet album est une proposition de Lounis ou est-ce que c’est juste un travail de votre part ? en tout cas, pour moi c’est un bon travail, et on espère qu’il y ait d’autres comme ça... voila et merci

    • je suis très content que nous soyons tous là pour faire notre petit truc pour faire vivre notre culture berère, cette analyse permet en effet à moi qui ne comprend pas très bien le kabyle mais qui aime bcp le chant et la musique berbère.
      en tout cas merci beaucoup pour vous votre site est très bien fait je suis fier de vous et j’avoue que je montre à mes copains français votre site par fierté mais aussi pour "me la raconter" en quelque sorte.
      c’est génial ce que vous fetes, j’en connais d’autre association qui font un travail extraordinaire, la CBF par expemle....
      j’espère qu’un jour vous organiserez ensemble et pourquoi pas faire une grande fête au stade de france, en présence de zidane, de meriam... et de tous ces chanteurs berbères qui chantent très bien.

    • Azul,

      "brasser du vent" ou "brasser de l’air", signifie s’affairer beaucoup et bruyamment sans résultat.

      quant à l’analyse proposée, je la trouve aussi excellente et très parlante, mais je ne pense pas qu’elle soit avalisée par Lunis ; l’auteur parle au conditionnel et dis bien, à un moment : "on peut oser une interprétation...".

      de plus, Lunis n’a, à ma connaissance, jamais donné d’explications à ses textes.

    • Azul fellawen
      c’est un réel plaisir que de voir qu’il y’a des personnes qui lisent ce qui est écrit sur notre culture poser des quetions essayer de comprendre avoir soif de savoir et être au coeur de sa société même si on est loin de la terre Kabyle...cette terre qui a enfanté tant de prodiges !!tamurt nneY âzizen...

    • Azul. Je vous remercie pour votre réaction. Je voulais vous répondre pour vous dire que le texte littéraire est ouvert à plusieurs lectures. C’est l’une de ses caractéristiques principales. En écrivant ce texte, je n’ai pas cherché à savoir ce que Lounis pense, mais ce que le texte dit. Parler au conditionnel est une manière de relativiser les idées émises dans le texte. Ce qui revient à dire que ce texte n’est qu’une lecture possible de l’album. Quant à savoir si Lounis peut ou non avaliser l’analyse, ce n’est pas du tout mon but. Mon but est de dire ce que je pense d’un texte que je trouve littérairement très intéressant.
      Cordialement.

    • Azul,

      En parlant de l’aval de Lunis, il ne s’agissait pas d’une critique... Simplement de souligner qu’en poésie (bien plus souvent que pour la prose, mais aussi pour toute forme d’expression artistique) rares sont les auteurs qui donnent toutes ficelées les interprétations de leur création. Lunis fait comme tout poète : il laisse à celui qui lit/écoute le soin d’y voir le sens que bon lui semble. Et c’est mieux ainsi !

      Imaginez Da Vinci dexpliquant le pourquoi du comment de La Gionconda !!?? Elle n’en aurait pas été le chef d’oeuvre que l’on sait et en aurait perdu tout son mystère !

      La poésie de Lunis en va de même : elle ne cesse de questionner, d’interroger et d’interpeller l’esprit... en lui laissant à peine entrevoir le semblant d’un début de réponse...

      Etant un habit(u)é de la réthorique "lunisienne", je trouve vraiment que cette lecture est l’une des meilleures qu’il m’ait été donné de lire.

      Et je suis ravi de voir que Tamazgha s’y est interessé de près (et dire que je m’étais offusqué par mail de l’absence de tout commentaire quant à la sortie de cet album...)....

      Tanmirt à toute l’équipe !

    • Bonjour
      Je suis très content de la lecture qui a été faite au dernier album de Lounis. Son auteur s’est donné la peine de pénétrer les chansons de Lounis et ce n’est vraiment pas une tâche aisée. Cette contribution peut apporter des éclairages sur les sens supposés du texte. Cependant, ma foi, seul le chanteur lui-même détient le sens original du texte. C’est valable pour toute création artistique, digne de ce nom. Chaque mot de Lounis véhicule une ou des acceptions subjectives. C’est le secret de l’art en général. Je souhaite que d’autres lectures auront lieu pour approcher de plus en plus les messages que veut lancer Lounis à l’adresse de ses auditeurs et auditrices. Bonne chance et bravo pour votre travail.

    • Je suis 1 Kabyle qui vit en Hongrie .Depuis 97 je n’ai pas mis pieds en Algerie,faut de finances...Souvent j’ai la nostalgie et lÀ j’ecoute sur le net les chansons de MATOUB.
      J’aimerai bien ecouter le nouveau album d’AIT MENGUELET,ici il ne se vend pas et je n’ai personne pour qu’il me l’envoit.DOMMAGE.

    • si tu veux je peux te l’envoyer gratuitement je te l’offre mon frère donne moi tes coordonnées.

    • je suis bien content de la contribution , pour expliciter ou situer le sens des textes de "lounis", mais seulement la poésie reste ce domaine ou on peut appliquer le vers a une situation qui peut surgir a n’importe quel moment !
      pour la chanson ".....inad umghar" il me semble plutôt que quelqu’un ou n’importe qui d’entre nous peut avoir en tête des préoccupations et des questions de tout ordres et les reponses rechrechés sont loin d’être trouvés donc la meilleurs façon des les avoirs est bien de consulter un vieux sage , c’est ce qu’il a fait ait menguellet dans la première chanson, il a posé un certain nombre de problème pour le vieux et dans la deuxième chanson le vieux sage a repondu d’une façon a calmé son esprit ...et merci

    • Azul. Je suis content d’être tombé sur vôtre analyse sur le dérnier album de ait menguelett,et de voir que vous vous interessez aux productions d’artstes Kabyles, tels que Si Moh et Brahim tayeb. Moi même, je pense que le terrain est vierge dans ce domaine,et que des pratiques d’analyses texuelles et structurales comme vous le faites ne peuvent être que pertinantes.J’apprécie également vôtre prudence en ne voulant pas pretendre detenir la "bonne" interpretation. C’est la demarche de tout analyste qui se respecte.Permettez donc par cela de suggerer un point de vue diffent au vôtre s’agissant de l’interpretation que vous donner à la chanson "ccna ntejmitl"(Je m’excuse pour les erreurs de transcription en Kabyle) Vous semblez entendre un discours ironique dans la voix locutrice de cette chanson, alors que, me semble-il, ce texte s’inscrit dans ce que vous appelez, à juste titre d’ailleurs, un durcissement de ton, c’est à dire qu’il est plus dans l’affirmatif que dans le nuancé( le style "habituel" de Lounis).Dans ce texte on est dans l’éloge (l’hommage), tajmilt, et à mon avis, il faut le prendre en tant que tel, puique il s’agit avant tout de réhabiliter les valeurs socio-culturelles( selon vôtre thése glogale).Dans une societé de schyzophrénie culturelle et de perte de sens, y at-il lieu que le sage, le poéte se distancie d’avantage de la "masse" pour réhabiliter le sens ? Ne s’agit-il pas simplement de rester terre à terre, de lancer des "devinettes" à la hauteur de cette "masse" afin qu’ils se reapproprient les rudiments.De mon point de vue, la personne à qui il rend hommage dans ce texte n’est nul autre que l’homme ordinaire. Si nous prétons attention,nous pouvons entendre une éspèce d’echo entre cette chanson et la première de l’album, à savoir "dda yidir".D’une certaine manière "le verbe, la découverte, la création...", que vous avez judicieusement énumérés, c’est à dire, plusieurs qualités, peuvent constituer les attribus de da yidir, da achour, da aamar...ect. Vous me diriez que structurellement le nombre de qualités énumérées dans l’une ne correspond pas au nombre de noms dans l’autre. Neanmoins, on est dans le discours de la liste. Plus loin dans l’album, on retrouve que les personnages qu’il évoque et curieusement sans les décrire dans la première chason, trouvent leur description dans "Tajmilt", et que ce n’est qu’à partir de là qu’ils peuvent, comme un seul homme(amgharr), repondre. Cette forme de dialogue subtile est peut-être plus apparente si l’on considérait simplement les deux chansons qui se suivent(la question au sage et sa réponse). A partir de là nous pouvons formuler l’hypothèse que "Tajmilt" est en réalite rendu à da aamar, da achour...et da yidir( vivre), tous sages ( amgharr) Nous voyons donc un reseau semantique et dialogique "trans-chansson", et que tajmilt n’est pas, à mon sens, sur un temps ironique. Il y a comme un procédé d’auto-reflexivité du discours.Quant il s’agit d’adresser des critiques, Ait Menguelet, comme nous l’avons entendu dans Inassen et particulièrement dans le le dernier album, l’a fait de manière plus tranchée, comme dans "snduy amane". poétiquement vôtre.

    • Azul Fellawen. Encore une fois, je remercie Mass Ameziane de nous avoir ouvert la voix pour l’interprétation du dernier album de Ait Menguelle. comme il le précise, ce texte est très intéressant d’un point de vu littéraire, et en tant que tel, il suscite chaque fois une nouvelle interprétation, notamment à partir du moment où un analyste lui en donne une, où il lui donne un sens. Comme tout texte littéraire proprement dit, ceux de Lounis résiste à tout une interprétation univoque.

      Tout en acceptant l’idée selon laquelle cette album met à nu l’un des maux qui gangrènent la société kabyle, à savoir la prolifération de l’amnésie concernant nos valeurs et nôtre culture, je ne suis pas tout à fait d’accord avec l’analyse textuelle qui est faite des deux chansons, qui en réalité n’en constituent qu’une seule : inid ay amgharr et yenad umgharr . A bien y faire attention, il n’y a pas de rupture, musicalement parlant, entre le premier titre et le deuxième. Par ailleurs, ce dialogue pose également d’autre réflexions sur l’écriture.

      Pour commencer, je ne crois pas qu’il faille désigner les deux instances du dialogue, celui qui interroge et celui qui lui répond comme référant respectivement au poète et au vieux sage. En effet, dans un premier temps, Ait Menguellet prête sa voix à l’homme profane, celui qui ne peut constater que les changements de surface, celui qui fait partie de la masse, l’ « aveugle »le non philosophe, et encore moins le poète. Ce n’est que dans un second temps, dans ce qui constitue la réponse, que le poète prend la parole. N’est pas que les vieux sages attendent toujours que quelqu’un ait fini de parler, même si il sont en tord, pour que eux s’expriment. En cela cette forme de discours nous fait penser aux dialogues de Platon, notamment dans Phèdre. Dans ce cas précis, le profane représenterait Phèdre , et la voix du vieux sage, celle de Socrate. Au delà du fait que le sage apporte des réponses que le profane ne souhaite pas entendre (et pourquoi pas d’ailleurs ?), ce qui est intéressant à examiner, c’est l’ambiguïté de la réponse elle même

      .Dans Phèdre, Socrate emploie le terme de Pharmakon, qui a été repris par la suite par le philosophe Jacques Derrida dans La pharmacie de Platon, pour parler de l’ambiguïté du texte littéraire. En grec, le Mot Pharmakon désigne à la fois le poison et le remède. Dès qu’on l’utilise il fait référence au deux notions, si contradictoires puisent-elles paraître. Il va de soit que la question de savoir si Ait Menguellet a lu Platon pour écrire son poème importe peut. Ce qui est plus sûr c’est l’analogie entre les deux textes. Comme nous avons pu l’entendre à travers la réponse du vieux sage le sens n’est jamais stable. Il change selon les époques et les individus. Sa réponse consiste en une série d’oppositions : Bien/ Mal, Jeunesse/Vieillesse, Santé/Maladie, Amour/ Raison, Propreté/Saleté ...ect, qui caractérisent à la fois le même individu, la même situation. Ainsi le texte joue sur l’hésitation, sur la notion de l’entre-deux ou bien la notion de pli selon Gilles Deleuze. C’est à mon sens cela qui fait la force du texte de Ait Menguellet. Il suscite à la fois une réflexion sur la société Kabyle, mais aborde des quéstion plus large, qui concernent le discours lui-même, sa nature changeante.

    •  pour celui qui a rédigé cette critique litteraire, j’aimerais bien vous avoir en face pour en discuter des textes de Lounis ainsi pour vous dire simplement merci "bravo !" pour cet article.
       sinon, que dirai-je de notre chantre, poète, le grand "mais !ddaw Rrebbi" en plus de ce qui est poète, moi je trouve en lui un sociologue, un psychologue...attedez !il analyse davantage notre Société.
      En ecoutons Lounis Ait Menguellat, nous gagnions une chose : L’EDUCATION

    • Azul mass kamel. Je n’ai pas bien saisi de quel analyse vous voulez parler ? est-ce que vous faite reference à celle de Mass amar ameziane ou bien vous parler de celle où est abordée la notion de Pharmakon de Derrida "lle dernier article". Amicalement.

    • azul a yugurten, j’ai parlé de l’article de mass A.Ameziane pour lequel je renouvele mes remerciments

  • bonjour tout le monde, j’ai pu avoir le dernier album de lounis, et franchment j’ai qu’un seul mot a dire : je suis chanceux d’être un trés grand admirateur de cet homme...
    mes respects pour lounis

  • azul
    Lounis n’est pas à présenter en tant poète , amussnaw et grand homme droit
    Trouver que ce qu’il produit est fabuleux c’est une lapalissade .
    Seulement des fois il faut se remettre en question , puisque ses poèsies nous interpelle tous en tant que kabyle avant tout ,algeriens et amzigh .

    Alors ou lieu d’accueillir avec joie ses textes osant aller au fond des choses
    pour que demain nous nous disons pas comme l’a dit lui meme : le poète quand il t’a interpellé tu ne l’as pas ecouté !

  • azul
    j’ai bien lu le compte rendu de l’ecoute d’ait menguellet par amar ameziane
    concernant ccna n tejmilt
    pour moi ce n’est pas ce que j’ai compris de lounis
    quand il énonce qu’il rend un grand hommage( rrigh tajmilt d tameqqrant )
    je pense qu’il faut le prendre de ce ton , seulement ce qu’il ya lieu de comprendre , d’après mon avis , il n’ya pas de super homme (d amectuh ddaw rebbi)......
    mais tous ceux qui oeuvrent dans des domaines differents ( le dire, la creation , .......)
    meritent des hommages

  • Y a t-il plus amnésique que lounis ait menguellet ?

  • J’ai lu plusieurs critiques sur l’album d’Ait Menguellat, et, pour mon grand plaisir, toutes sont élogieuses ; mais je ne comprends pas pourquoi est-ce qu’aucune, en parlant de la chanson : inna wamghar, ne la lie un peu à l’écclésiaste de Salomon dans lequel il est dit : rien de nouveau sous le soleil. A-t-on honte d’avouer qu’on a un jour lu la bible ?

    • en kol xadache taxat chamach (salomon)
      "il n’y a rien de nouveau sous le soleil" Ait menguelet et son dernier album me laisse un peu perdu je lui prefere le titre de : " INTROSPECTION"
      pour finir je dedie ce proverbe de (salomon 10.9) à Monsieur LOUNIS ainsi qu’a l’ensemble des personnages figurants dans ses textes.
      "Celui qui marche dans l’integrité marche avec assurance. Mais celui qui prend des voies tortueuses sera decouvert." signé : Khalfoune.

  • azul fellawen nessaram alukan ad ketvem ak tizlatin n lewnis d agi

  • Bravo mass ameziane ! Effectivement, l’intertexte biblique(ecclesiastes) est transparent dans ce texte. j’ai voulu moi-même en parler dans l’article signé jugurta, mais cela me fait d’autant plus plaisir que ce soit un autre qui ait reperé cette reference.

    Par ailleurs, ce texte peut être interpreté comme une réponse, en filigrane, à une chanson tres celebre de Bob Dilan "The Times they are achanging"[les temps changent].
    On connais l’erudition de Lounis,et vraisemblablement cette chanson ne lui a donc pas échappée.
    De ce Fait, "amghar" peut être comprise comme sucitant un dialogue interculturel entre deux auteurs appartenant à deux sociiétés dont le vecu et les valeurs diffèrent.

    Certe, "les temps changent", comme le chantait Bob Dilan, mais ce ne sont que des changements de surface, "materiels", et qui n’alterent en rien les fondements des sociétés humaines. L’amour, la santé, les valeurs spirituelles sont éternel(le), et traversent le temps commes le soleil et les differents élements évoqués dans l’Ecclesiaste.La reference biblique(occidentale) par un auteur dit oriental, du moins non-occidental, serait alors un choix judicieux de la part de Lounis : le message ne serait-il pas alors universel au sens large du terme. Il n’y pas que les temps qui ne changent pas, mais même les hommes, où qu’il soient. Bye

  • c’est un homme qui veut nous éduquer du mieux qu’il peut ,helas nous sommes une race rare fiere comme un rocher ,fragile comme du verre

  • azul fellawen
    je tient premierement a remercier notre grand poete ou plus que ca notre eros qui a consacré une partie de son chere temps pour nous faire comprendre qui somme- nous au tand que imazighen a travers ces belles chansons inoubliables et qui vont enrichir notre culture.je dit a lunis ait menguellet bravo et nous attendons encore plus qu’on a déja et personnelement je suis pres a achetter tous les chansons de ait menguellet a conditions que l’envois des disc seras fait par ait mengellet lui meme cela quelque soit le prix proposer par l’eros lui meme.
    tanmmirt atas i kuyan
    tuwid ad nasey uzzal anut asklu aqurar marad yusus acku mmutenas izuran.
    ar timnnilit tudert i tarwa n tmazgha afus g ufus

  • c’est tout ce que on peut dire sure un homme kabyle(izem)

    • azul

      Oserais je en preambule dire que les textes du dernier album de Dda lunis me donne l’impression qu’il s’adresse
      particulierement aux egarés (wid iharen) si son auteur me le permet je l’intitule "Le guide des Egarés"...
      Khalfoune

    • Un proverbe kabyle dit " Un lion, méme sans ses griffes reste toujours un lion"Ait menguellet est ce lion,qui a malgré les tentatives de pourissement et de faussement de sa vraie image qui n’ont pas eu raisons d’elles,reste une personalité trés particuliére et imperméable dans le paysage je dirai socio-politico-artistique en Algerie.
      Ceux qui ont supprimé Maroub Lounes en le tuant,tentent aujourd’hui de briser notre cher poéte vivant.
      A nous de le protéger et le hisser encore plus haut dans les échelons de la considérations et du respect.
      Son paradigmes,sa vision de la vie sont incontestables.
      Pour moi,c’est un guide à suivre.
      Comme le disait une vieille dame en écoutant ses paroles "c’est un envoyer de dieu ."
      Donc soyons solidaires autour d’un objectif commun,celui de sauver nos lions de toutes les initiatives virulentes pronées par nos énnemis.