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Matoub... ce tatouage indélébile ...

mercredi 24 janvier 2007, par Masin

C’est en 1990, alors collégien, que j’ai découvert pour la première fois Matoub Lounès. "Ironie du sort". Cet album, né dans la douleur de son auteur, et que je garde toujours jalousement, m’a ouvert les yeux sur le combat du peuple berbère pour la liberté. Grâce à lui, j’ai aussi découvert la Kabylie ainsi que l’engagement d’un homme pour la survie de la culture amazighe tenue sous respiration artificielle par toutes les dictatures qui gouvernement l’Afrique du Nord. "Isem-iw imenghi".

J’avais 15 ans. Je me forçais à comprendre les paroles des chansons. Moha, qui m’avait apporté la cassette m’avait raconté que Matoub Lounès est une légende dans son pays. Un rebelle qui éternise la résistance des Hommes libres pour la liberté et la dignité. "An-nerr’ez Ul’anneknu".

Avec le temps, Matoub est devenu pour nous une sorte de prophète. Un messie qui prêche dans notre langue. Lounès est une voix qui répand la parole interdite sur la terre de son peuple. Persécuté, il a enduré toutes les souffrances des prophètes. Toute une génération s’identifie à ses textes ciselés dans la belle langue mal aimée des ancêtres. On buvait sa parole interdite d’antenne et on rêvait de révolution. "Tagrawla, nebgha at-tenz’er".

Ce cri, cette langue, ce refus sont aussi les nôtres, mais étouffés par tant d’années de colonisation et de mépris. Matoub est un résistant, un esprit libre comme l’était Yugerten, Dihya, Hend-U-Merri et Zayd-U-Hmad, héros de ma région.

Les multiples blessures de Matoub, les balles qu’il avait reçues sur la route de Michelet, ses différentes opérations chirurgicales, les paroles de ses chansons qu’on essayait de déchiffrer ponctuaient nos discussions de jeunes militants berbères. "Xels’egh adrar s idammen-iw".

A l’époque à Tamazgha Occidentale, Matoub Lounès était moins connu qu’Idir et Aït Menguellet. On pouvait écouter leurs chansons dans quelques cafés de Tizi n Imnayen (Goulmima), Tinejdad, Tinghir ou de Boumalen n Dadès, dont les propriétaires sont sensibles aux revendications du mouvement berbère. Cela relevait du courage. Un acte de militantisme et d’engagement. Suite à l’étouffement dont souffraient les artistes locaux, les chanteurs de la Kabylie lointaine et rebelle comblent parfaitement ce vide. Cette situation dérangea le pouvoir de Rabat. "Je suis de la race des guerriers".

Plusieurs habitants du Grand Tafilalt, notamment les lycéens et les collégiens, découvriront le combat des Imazighen pour la liberté grâce aux chanteurs kabyles engagés. Conscientes de ce "danger", les autorités finissent par intimer aux propriétaires des cafés de ne plus diffuser des chansons kabyles dans leurs établissements sous peine de représailles. Cette décision débile a été prise suite à l’arrestation arbitraire en mai 1994 de sept membres de l’Association Tilelli de Tizi n Imnayen. Absurde. Qui peut arrêter une chanson ? "Add yeqqim later-iw".

Les textes de Matoub, affûtés comme des couteaux, ciselés dans l’Histoire plusieurs fois millénaire de notre peuple, son courage légendaire, son enlèvement par les chasseurs des lumières (inegmaren n tafat), son engagement en faveur de toutes les causes justes finit par le consacrer comme une légende vivante, un symbole de lutte pour des milliers de jeunes militants. "Je suis le patriote de toutes les patries opprimées".

Au sein du Mouvement amazigh estudiantin de Meknès, avant et après son assassinat, le portrait de Matoub Lounès, ses CD, ses photos et son autobiographie "Rebelle" étaient toujours présents. Ils le sont toujours. Un stand lui a été même consacré chaque année lors des activités du mouvement dans différentes universités. On a finit par l’appeler affectueusement "Taxamt n Matub". Ses photos, les paroles de ses chansons ornent les mûrs des chambres des étudiants dans différentes cités universitaires. Matoub est partout. Son esprit libre habite les cœurs de tous les amoureux de la liberté, de la justice sociale et de la démocratie. "Ars’ed’ ad yeffi".

Son assassinat par les ennemis de la liberté a affecté sérieusement tous les amoureux de la culture amazighe et de la démocratie de par le monde. Des jeunes de ma région avaient décidé de se rendre en Kabylie pour assister à l’enterrement du rebelle. Le consulat d’Algérie à Rabat leur a refusé des visas. Muhand Saïdi, artiste et militant infatigable de la cause amazigh, a rendu hommage à Matoub Lounès en écrivant son nom avec son propre sang. Le tableau porte le nom "Idammen n Matub". Son sang trahi est aussi le nôtre. Unis pour toujours dans cet éternel combat pour la liberté et l’amazighité. "Ku lhaja tesâa Bab-is".

Lwennas, "Tura staâfu". La résistance continue.

Lhoussain Azergui

Messages

  • émouvant, trés émouvant,

    d tiγri n tegmatt

    tanemmirt agma

    afus deg afus

    win iteddun γef tidett isawad’

  • Azul fell-ak a gma amazigh,

    C’est un très beau texte, ecris avec amour, fraternité et sensibilité. En le lisant, je ne te cache pas que j’ai eu une petite larme aux yeux, à la fois une larme de tristesse en perdant à jamais notre idole MATUB et une larme de joie car son combat qui est celui de l’émancipation, a franchi les frontieres en voyant tous ses disciples et jeunes de l’autre coté de tamazgha umalu reprendre le flambeau.

    Tanemmirt i wed’ris-a inek, yessed maci d kra deg unamek. Carwegh mi t-ghrigh, yessekfel-iyi-d kra n tmeqwa n yimett’i, timeqwa n tesnit(leh’zen) acku mektagh-d win akken yunagen akkin, anda ur d-nettughal, di tama nnid’en umregh(ferh’egh) at’as mi d-tekker tsuta (ljil) ara yeddmen amennugh-is ladgha deg tmazgha umalu, imi ilmez’yen n din-a rran Matub d azamul n timmuzgha.

    Ayen yenna d wayen yecna, la d-yeggar iz’uran, imeqqi di yal tamnadt n tmazgha. Ah’udu ah’unu fella-awen ay atmaten, amennugh d win yettkemmilen .

  • Finalement le masque tombe

    Le cheikh Youssef Quardaoui, le mufti vedette de la chaîne de télévision satellitaire Al Jazzera et président de l’union des savants musulmans, dans une intervention lors du 6eme congrès arabo-islamique a Doha au Qatar, le mois de décembre 2006 dernier, a déclaré que l’islam et l’arabisme sont inséparables. Et pour ne laisser aucun espoir a ceux qui veulent cacher cette réalité notre cheikh précise : « que ceux qui veulent faire la séparation entre l’islam et l’arabisme c’est comme vouloir séparer l’âme de son corps ? » et il a appelé pour un Islam arabe et un arabisme musulman. Ce qui veut dire que finalement l’islamisme rejoint le nationalitarisme arabe qui a détruit les identités des peuples islamisés en Afrique du nord. Et puisque le cheikh est le porte parole des musulmans et des islamistes peut on dire que le cheikh a falsifié la religion musulmane ? ou qu’il a juste montré le vrai visage de l’Islam ? En attendant les réactions des musulmans, je pense que les Amazighs musulmans qui veulent toujours restés Amazighs doivent sortir dans la rue pour dénoncer ces idées colonialistes...

    • a gma. musulman on l’est si on l’a choisit que l’on soit arabe ou amazigh. être amazigh par contre ne se choisit pas, personne ne nous enlèvera l’honneur et la fierté que l’on a reçu par nos ancêtre en étant des imazighen. on est et on le restera toute notre vie et même après la mort.

      Que l’arabe, cheikh ou pas, qui se prétend meilleur musulman que moi parce que je suis kabyle, vienne me voir.je lui montrerai comment je sépare l’ame de mon corps. sur ceux bon courage à tous, la lutte sera longue mai elle en vaut largement la peine

      Matoub on ne t’oubliera jamais, tu es et sera à jamais dans nos esprits

  • "Tu es présent

    Vivant plus que vivant

    Au cœur de ma mémoire et de mon cœur

    Comme un corps plus secret

    Croissant dans l’univers charnel

    Que les jours et les visages et le

    sommeil

    Labourent la forme d’un homme

    Vivant plus que vivant

    Avec ton corps qui brille

    Au quatre cris de la douleur

    Eparpillé déchiqueté torturé

    Saignant sur la terre orange

    Où nous sommes nés

    Meurent les fusils et les hommes

    Meure le soir touffu d’horreurs

    Meurent la guerre et la paix

    Et le courage et la fatigue

    Meurent la mémoire et l’oubli

    Tu es vivant plus que vivant

    Présent"

    Poèmes d’Anna Greki

  • ‘’...ils ont osé

    Ils ont osé

    Vous assassiner

    ... vous aviez envie de vivre et de chanter.

    Vivre était votre droit

    Vous l’avez refusé

    Pour que par votre sang d’autres soient libérés ‘’

    (...)

  • Tu sais si comme c’est moi qui parle tu as dis ce que je ressens ... merci Lhou pour cet article

  • En lisant cet article je me suis rendue compte que malgre nos soufrances et nos larmes et notr sangs qui coule partout ,il ya des hommes vraiment imazighenes que nous les femmes timazighines pouvons compter sur vous,d’un autre coté vous aussi vous pouvez compter sur nous.Je crois que MATOUB voulait nous enseigner ça et aussi la fraternité , la solidarité maintenant tu peux te repose en paix mon frere LOUNES tes freres sont unis et un jour ou un autre tafat ad flali

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