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Lounès Matoub : pour que personne n’oublie !

dimanche 24 juin 2012, par Masin

Quatorze ans après l’assassinat de Lounès Matoub, le régime algérien ne fait que confirmer sa haine à l’égard des Kabyles. La gestion faite de l’affaire de l’assassinat de l’idole des jeunes kabyles, de celui qui disait plus haut ce que les Kabyles pensaient plus bas, ne fait que "légitimer" le caractère criminel de ce régime.

Objectivement parlant, peut-on accuser aujourd’hui autre que l’État algérien ? Le terrorisme était un procédé si cher aux tenants de ce régime. Avant même l’existence de l’État, pendant la guerre qui opposait le FLN à la France, le FLN usait du terrorisme notamment à l’égard de militants favorables à la question amazighe, même lorsque ces derniers étaient militants du FLN. Combien de militants qualifiés de "berbéristes" ont été exécutés par le FLN ?

Après la naissance de cet État, le terrorisme a pris d’autres formes, la liquidation physique des porteurs d’espoir pour la cause berbère a suivi, puis les gros moyens ont été dépêchés : "le terrorisme islamiste" comme déguisement à tout crime...
C’est pourquoi, aujourd’hui, le meilleur hommage à rendre à Matoub Lounès, qui s’est sacrifié pour Tamazight et pour la Kabylie, est de se battre contre cette barbarie qui occupe l’Afrique du Nord et qui projette d’éradiquer son amazighité. Rendre hommage à Lounès Matoub aujourd’hui, c’est de ne pas avoir peur de dire les choses crûment à ces systèmes illégitimement installés en Afrique du Nord et œuvrer pour que Tamazgha soit débarrassée à jamais de cette peste.

Rendre hommage à Lounès Matoub aujourd’hui, c’est aussi être aux côtés des Touaregs qui ont libéré l’Azawad et qui se battent, seuls contre tous, pour que leur indépendance ne leur soit pas volée. Car si l’Etat d’Azawad voit le jour, c’est la voie vers la libération de l’ensemble de Tamazgha qui verra le jour...

Ci-après un article déjà publié sur Tamazgha.fr, toujours d’actualité, qui évoque l’assassinat de Lounès Matoub.


La Rédaction.





Assassinat de Lounès Matoub : onze après, la question ne se pose plus !

(dernière mise à jour : juin 2009)


Le 25 juin 1998 à la mi-journée, Lounès Matoub fut assassiné pas loin de son village au cœur de la Kabylie. Cet assassinat a bouleversé le monde entier et la Kabylie en particulier. La population kabyle a aussitôt déferlé sur Tizi-Ouzou. Des manifestations publiques ont gagné le pays Kabyle entier.

Quelques heures après cet assassinat, Noureddine Aït-Hamouda intervient dans les médias internationaux (comme France-Infos) pour affirmer que les assassins sont les islamistes du GIA, idée fixe également développée par Khalida Messaoudi, alors députée-RCD au parlement algérien. C’est ainsi une véritable "pression" médiatique qui s’exerce pour faire admettre la thèse du GIA dans l’assassinat de Lounès. Même Malika Matoub, la sœur de Lounès, déclare que les assassins sont les islamistes du GIA. Plusieurs observateurs se posaient déjà la question de l’intérêt du RCD à vouloir imposer à l’opinion la thèse du GIA dans cet assassinat.

Malgré cette pression, les jeunes manifestants de Kabylie envahissant les rues clamaient fort "Pouvoir assassin !". Cette phrase à elle seule résume ce que pense la Kabylie profonde de cet assassinat. La junte militaire, au pouvoir depuis 1962, est clairement mise en cause et rendue responsable de ce crime politique par les foules des manifestants.

Quelques jours plus tard, Malika Matoub revient sur ses déclarations initiales et, avec sa mère, demande à ce que toute la vérité soit faite sur l’assassinat. Elles exigent qu’une véritable enquête soit diligentée. Elles relèvent plusieurs points d’ombre dans la gestion faite par les autorités de cette affaire. A ce jour elles ne cessent de demander à ce que toute la lumière soit faite sur cette affaire.

C’est au tour de Nadia Matoub, par la suite, de se joindre aux voix de Malika et sa mère pour demander une enquête sur l’assassinat. Elle n’exclut aucune piste quant aux auteurs et commanditaires de l’assassinat.

Dans un texte rendu public par le MAOL, Mouvement algérien des officiers libres, en désaccord avec les généraux au pouvoir, il est donné des détails très accablants concernant l’assassinat de Matoub Lounès. Des responsables du RCD à l’époque de l’assassinat de Lounès, en l’occurrence Noureddine Aït-Hamouda et Khalida Messaoudi, ont été cités dans ce texte. D’après le MAOL, Noureddine Aït Hamouda aurait joué un rôle important dans le complot de l’assassinat de Lounès commandité par le haut commandement militaire algérien dans le but de déstabiliser Zeroual et le pousser au départ.

Les éléments du MAOL ne peuvent être qu’une frange de la junte militaire algérienne ; ils sont donc du sérail et s’ils ont évoqué l’affaire Matoub ce n’est que parce qu’ils ont un quelconque intérêt. Ce n’est sans doute pas le désir de contribuer à faire connaître la vérité sur cette affaire qui les anime. Eux qui sont des nationalo-arabo-islamistes. Mais dans leurs déclarations ils ont cité des noms et ont évoqué des faits ; ce sont ces éléments qui nous intéressent. Et aux personnes citées de se prononcer et donner leurs versions quant aux faits relevés par le MAOL. Ces personnes doivent notamment démentir les déclarations des officiers du MAOL s’il y a diffamation.

L’autre épisode ayant marqué l’affaire Matoub est le reportage réalisé par la chaîne de télévision française Canal+, dans le cadre de son émission "90 minutes", consacré à l’affaire Matoub et intitulé "la grande manip". Ce que l’on peut retenir de ce reportage c’est la convergence de l’ensemble des témoignages vers la thèse d’un assassinat organisé par la junte militaire algérienne. Les témoignages de Malika et Nadia Matoub incitent à se poser des questions quant à l’intérêt du RCD, ou du moins de certains de ses membres dont Noureddine Aït-Hamouda, à vouloir imposer à l’opinion la thèse du GIA dans l’assassinat de Matoub. Ainsi Malika Matoub affirme être félicitée par Noureddine Aït-Hamouda pour avoir soutenu que le GIA était le responsable de l’assassinat. Il lui aurait même proposé de lui faire rencontrer des personnes du haut commandement militaire qui sont satisfaits de ses déclarations. Nadia Matoub, affirme néanmoins que des éléments du RCD lui avaient promis des visas pour elle et ses sœurs ; en contrepartie, elle devait tenir une conférence de presse à Tizi-Ouzou pour laquelle ils lui ont rédigé la déclaration préliminaire qui disait en substance que les assassins étaient des éléments du GIA.

Dans leur ouvrage [1] publié chez les éditions La Découverte, Lounis Aggoun et Jean-Baptiste Rivoire reviennent sur l’assassinat de Lounès et donnent un certain nombre de détails sur l’avant et après assassinat. Ils nous apprennent, par exemple, que le jour de l’assassinat un barrage de gendarmerie s’est mis en place sur la route d’At-Douala et les gendarmes se sont mis à dévier la circulation de cette route : seule la Mercedes noire de Lounès sera autorisée à emprunter cette route sur laquelle elle sera mitraillée quelques minutes plus tard...

Avec tous les éléments que nous connaissons à ce jour, il est difficile de ne pas penser que le régime algérien ne soit pas responsable de l’assassinat de Matoub Lounès. La complicité de Kabyles de service est plus qu’évidente ; il était même nécessaire.

Mais si l’on admet cette hypothèse, est-il raisonnable aujourd’hui de s’attendre à ce que l’Etat algérien fasse la lumière sur cette affaire ? Cet Etat est-il en mesure de révéler la vérité sur cet assassinat tant que les clans qui l’ont confisqué ont tout intérêt à la cacher ? Peut-on vraiment parler de justice dans un Etat où la mafia militaire fait de la "bonne gouvernance" ? A force d’attendre la lumière sur cette affaire, nous finirait-on pas par rester dans l’obscurité... et oublier ?

Vaut mieux donc dire que la vérité nous la connaissons : l’ordre d’exécution émanerait du haut commandement militaire algérien. L’exécution de cette tâche aurait été confiée aux gendarmes et aux supplétifs locaux...

Masin Ferkal.

par Muhand Saïdi

Cet article est une reprise, revue et mise à jour en juin 2009, de l’article intitulé "Affaire Matoub : qui sont les assassins ?" paru dans Kra Isallen (Kilkzanfu) n° 12-13, novembre-décembre 2000.
Déjà publié sur Tamazgha.fr en juin 2004.

Lire aussi :


 Un an après (déclaration de Tamazgha)- Qui a tué Lounès ?

 L’assassinat de Lounès Matoub ou comment "soulever" la Kabylie...

 Qui a tué Lounès Matoub ?

 Qui a dit que ce n’est pas l’État algérien qui a tué Matoub Lounès ?

 Matoub Lounès, ce tatouage indélébile

 Affaire Matoub : qu sont les assassins ?

 En 1988, un gendarme algérien avait tiré sur Lounès Matoub


[1L. Aggoun et J.-B. Rivoire, Françalgérie. Crimes et mensonges d’Etats, La Découverte, Paris, 2004 (voir sommaire)

Messages

  • Il est impossible d’oublier Lounès Matoub !

    Car qui peut oublier le Djurdjura ? qui peut oublier Tizi Ouzou ? Qui peut oublier la Kabylie ? Il est tout ça !

  • ..no se puede olvidar a matoub nunca nunca... matoub ur immoth... matoub idder deg ulawen di thwengint imazighen....viva rif viva thamazgha

  • Si nous l’oublions, que le diable nous emporte tous, l’âme de Dda Lwennas était faite du souffle de tous nos ancêtres du plus illustre au plus modeste, il est venu pour nous rappeler nos racines que la guerre et les arabistes nous ont fait oublié, maintenant que nous avons recouvert la mémoire grâce à lui à Dda Lmulud, Nna Tawes et tant d’autres phares, nous devons être digne de leur sacrifice. Vive la Kabylie libre et vive Tamazgha.

  • Même en n’étant né ni n’ayant même mis les pieds en kabylie, nous, imaziɣen de tamurt n wakuc ( et je me permets de parler en leur nom ), ne pouvons oublier notre aselmad ameqran Lwennas Matoub. Que nous soyons imaziɣen de l’Atlas, chleuhs, rifains, souss, kabyles, chaouis, tamasheq, nous sommes tous imaziɣen avant tout et le combat de Lwennas nous concerne tous !

    Malheureusement, pour certains, les prêches de haine et de nikaḥ des barbus paraissent plus charmantes que les paroles de Lwennas ...

  • AZUL !
    Par Mass Bouaziz At chebib : "Le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre, c’est d’unir nos forces pour poursuivre son combat dans le sens de la libération du Peuple kabyle, voire de toute tamazgha.
    Que Matoub lounes appartient au patrimoine universel du fait qu’il a été « le défenseur de toutes les patries opprimées ".

    Tanemmirt !

  • l’Amazigh Matoub Lounes meurt, Zeroual rentre chez lui à Batna et Bouteflika prend le pouvoir
    Début 1998. Je ne me rappelle plus du jour exact. Je rentrai dans un café à At Dwala, celui situé en face de la poste, où je tombai, surpris, sur le chantre da la chanson kabyle Matoub Lounes ! Il était attablé, là, tout seul, serein et répondait, avec attention et sans distinction, à tous ceux, grand et petits, qui le saluaient. Je le saluai de ma place et il me répondit accompagné de ce sourir qui prenait du temps à s’effacer et qu’on lui connaissait tous ! Après, je le regardais en faisant semblant de lire mon journal Le Matin. C’était pour ne pas le géner bien sûr ! Je le regardais pour voir dans son expression ce que la rue disait déjà de lui : que c’était un bon notre Lounes ! Il était là, assis, comme s’il n’avait rien d’autre à faire, juste comme si les siens lui manquait et qu’il avait grand besoin de les voir, de leur parler pour se ressourcer ou pour leur faire ses adieux pour je ne sais quel départ qu’il ressentait imminent !... Le 25 juin de la même année, toujour au même endroit, au café de la poste, mais cette fois-ci sans Lounes, assis, prenant un café avec toujours le journal Le Matin. Je lisais quand un bruit de foule inhabituel m’arracha de ma lecture :" On a tiré sur Matoub à Thala Bounane il y a à peine vingt minute." cria en kabyle un chauffeur de fourgon pour voyageurs qui revenait de Tizi Ouzou !!!?... Des années après je me pose toujours la même question : Pourquoi a-t-on assassiné Matoub Lounes en 1998 et non pas avant, sous Zeroual ou lors de son kidnapping en 1994, par exemple. Et ce n’était pas les occasions qui manquaient ?
    Il faut savoir que la décision de porter Abdelaziz Bouteflika au pouvoir a été prise au moins deux ans avant son investiture. Ce fut quand on a décidé d’écarter Zeroual du pouvoir en commençant par lui chercher des noises. C’était en 1997. Mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, Bouteflika avait plus peur de l’aura grandiose dont bénéficiait en Kabylie le Mythe amazigh vivant, le barde Matoub Lounes. Bouteflika savait qu’à travers lui, c’est toute la Kabylie unie qui se mettrait inévitablement en travers de son chemin vers la présidence. L’on savait que Matoub était un éradicateur pur et dur ; un homme qui ne pouvait jamais se laisser convaincre par les thuriferaires du nouvel ordre réconciliateur prôné par le nouveau clan. Son assassinat en 98 est donc bien prémédité parceque "Reb Dzair" jugea, à l’époque, que l’option éradicatrice pronée jusque-là par Zeroaul, Mohamed Lamari et lui-même, et à laquelle était gagnée la majorité de la Kabylie, avait atteint ses limites. Et vu les pressions internationales qu’exrerçaient des gouvernements et des ONG qui exigeaient des commisions d’enquête sur les assassinats collectifs commis en Algérie, l’on finit par considérer que le système allait vraiment à sa perte si l’on ne changeait pas d’approche sécuritaire dans le traitement et la gestion du terrorisme islamiste en Algérie. D’où les concessions et le choix porté par Mohamed Lamine Mediene sur Abdelaziz Bouteflika.
    L’amazigh éradicateur Matoub Lounes fut assassiné pour priver la Kabylie de son dernier Leader-rempart intransigeant et qui ne manquerait pas, laissé vivant, de la faire soulever comme un seul homme pour barrer le chemin à cette nouvelle trahison que fomentait le DRS pour conjurer les accusations portées contre lui pour crime contre l’humanité commis pendant la décennie noire. L’une des conditions exigée par Bouteflika est que Mediene lui defrechissait d’abord le chemin, notamment en Kabylie, en tuant dans l’oeuf toute velleité oppositionnelle à son arrivée au pouvoir. "Occupe-toi des éradicateurs les militaires, Matoub et le RCD, Ait Ahmed est mon affaire" susura Boutefllika à Mediene. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, l’un des initiés du premier Manifeste pour la Résistance civile de la Kabylie et de toute l’Algérie contre le terrorisme islamiste, en l’occurrence Said Saadi, se voyait aligné, parmi les premiers, au rang des pro Bouteflika dont Ahmed Ouyahia ! Voilà comment une énième machination orchestrée par le prophète de malheur, Mediene, finit par porter au pouvoir le chevalier de la vingt cinquième heure, Abdelaziz Bouteflika.
    Matoub n’était pas le seul homme à avoir payé les frais de ce revirement politique et sécuritaire que s’apprétaient à commettre le duo satanique Bouteflika/Mediene(5). L’éradicateur Zeroual en a bavé à travers les frasques financières de son proche conseillé, le général Betchine. Pour le pousser à la démission, le DRS montait, ficelait et révélait des affaires de corruption sur son entourage immédiat qui l’éclaboussaient profondement en le salissant dans l’exercice de ses fonctions de chef de l’Etat. Acculé de l’intérieur de l’armée et devant les pressions internationales, Zeroual finit par abdiquer et prendre la décision de rentrer incessemment et définitivement chez lui à Batna ! Il ne restait plus alors que quelques "formalités kabyles" à satisfaire pour se frayer un chemin sans embuches vers El Mouradia : convaincre Said Sadi d’adopter la nouvelle orientation politique axée sur la réconciliation national et faire taire Matoub Lounes avant le 05 juillet et à travers lui toute la Kabylie, pour mettre en oeuvre cette nouvelle arnaque politique et idéologique jamais osée auparavant ! Le 25 juin Lounes est assassiné près de chez lui et avec lui tout un rêve de générations amazighes pour le triomphe de la liberté contre la dictateur militaire et l’obscurrantisme arabo islamiste !
    Il a fallu attendre des années après pour que "l’adolescent politique" kabyle, Said Saadi, commençait à comprendre qu’il avait eu tort de croire aux promesses démocratiques du prédateur Mohamed Lamine Mediene ! Quant à Ait Ahmed, il continue toujours de croire au "miracle algérien du messie" Bouteflika !

  •  « Quatorze ans après l’assassinat de Lounès Matoub, le régime algérien ne fait que confirmer sa haine à l’égard des Kabyles. »

    Il en va de même 16 ans après et c’est très bien comme ça !

    Il faut y ajouter les khrozbyles, arabyles, islamobyles, rampants de madrasas et cafards de zaouïas, lèche-babouches et lèche-rangers pour que la haine se perpétue à travers les âges !

    Et c’est très bien comme ça !